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6 août 2009 4 06 /08 /août /2009 21:09
Attention petit bijou ! Simonetta Greggio vous emmène à la Louvière, maison retirée où le plus proche voisinage se situe à trois kilomètres. Demeure d'un ermite ? Oui, au féminin. Emma est vétérinaire de campagne. Sa vocation est née tôt, âgée alors de dix ans, ne supportant pas l'intolérable souffrance, et le choix de son installation a été la pierre angulaire d'un changement de vie radical, lié également à une profonde blessure. On y devine un chagrin d'amour, et cela se confirme avec la mise en place d'une double intrigue, mêlant passé et présent, car celui-ci ne peut être compris à l'aulne de ces évènements.
Un décor digne d'un Martine ? Que nenni. Les mains nues narre l'histoire d'une tendresse particulière entre une quadragénaire et un jeune homme de 14 ans. Mais l'intrigue est bien plus complexe que ceci : il s'git d'un amour tabou, mais loin d'une Lolita de Nabokov. Car Emma connaît Gio depuis sa naissance. Elle a été profondément amoureuse de son père, avant que celui-ci lui préfère Micol, une de ses femmes que l'on remarque et qui fascine. Amie du couple, les mensonges et l'opacité l'ont conduite à changer de vie. Gio, débarque à l'imprévu, avec toute la flamme d'un adolescent et bouscule la vie de cette femme, qui se consacre exclusivement à son métier...
Un roman complexe et beau, tant par le style de Simonetta Greggio, auteur italien qui écrit dans une langue de Molière toute en dentelle, que par les profondes réflexions sur la vieillesse, l'opiniatreté et le beauté d'un métier qu'offre ces belles pages d'écriture.

 

"Je ne voudrais pas non plus effacer mes rides, retrouver le visage de mes vingt ans. Etre jeune à nouveau ? Pour quoi faire ? Me tordre les chevilles sur des talons hauts, traversant Paris des larmes plein les yeux ? Non, je n'irais pas effacer ces cicatrices-là, fire semblant que tout ça n'a pas existé. Ce temps est à moi, mes rides sont à moi. Je ne les aime pas pour autant : je ne permettrai à personne de dire que cinquante ans, c'est le plus âge de la vie. D'ailleurs je n'ai pas encore cinquante ans. Juste quarante-sept. Encore trois ans à être trop jeune pour être vieille, un peut trop vieille pour être encore jeune."


A découvrir !
La critique de Marie-Dominique Godfard sur Bibliobs
L'interview de Simonetta Gregggio sur evene.fr à l'occasion de la sortie d'Etoiles, l'occasion de revenir sur ses débuts en littérature.

 

 


Vous avez lu ce livre ? Notez-le ! Related Posts with Thumbnails Rendez-vous sur Hellocoton !

 

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2 août 2009 7 02 /08 /août /2009 20:46

Cette question lancinante, Jean-Louis Fournier l'aura entendu maintes fois. Nul besoin ou presque d'y apporter une réponse, car Thomas ne la retiendra pas. Thomas, ainsi que son frère Mathieu sont tous deux handicapés. Fortement handicapés, à près de 80%. Jean-Louis Fournier restitue ici, ce qu'est et a été la vie de famille avec ses deux petits : douleur de la découverte du handicap, douleur de les voir demeurer dans leur monde, alors que les enfants des amis, de plus en plus rares, grandissent et se posent des questions de la vie de tous les jours. Ces questions-là sont épargnés à Mathieu et à Thomas, pas forcément à leurs parents, qui vivent chaque jour comme il se présente. Entre (sou)rires et tristesse, mais avec une immense tendresse et un amour merveilleux, Jean-Louis Fournier vous font rencontrer Mathieu et Thomas, dont comme beaucoup d'autres enfants on ne parle pas, comme si l'handicap serait contagieux. Cette lecture vous désarçonnera, vous fera prendre conscience de la souffrance de l'handicap mais aussi courage immense de ces parents, qui saisissent également les moments de joie et subliment ou dédramatisent les difficultés grâce à l'amour et l'humour.

Où on va papa?
Jean-Louis Fournier
Stock
154 pages. 15€. ISBN :
978-2-234-06117-0



A découvrir !
Pour les parents, en recherche d'aide, la liste de diffusion Aide et entraide de parents d'enfants handicapés
L'AFEH (Association des Familles d'Enfants Handicapés)
Le site de l'Arche fondée par Jean Vanier, dont l'initiative a donné naissance à plusieurs foyers de vie pour personnes handicapées adultes


A voir !

 

Le reportage réalisé par les éditions Hachette à l'occasion de la remise du Prix Femina 2008 à Jean-Louis Fournier.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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18 juillet 2009 6 18 /07 /juillet /2009 20:25
Pierre Assouline nous convie à un diner chic dans une famille bourgeoise parisienne. Dîner d'affaires, dîner d'intérêt mais surtout grand exercice de style, auquel se livre avec une célérité maximale, Sophie du Vivier, experte en l'art de réception et dont les tablées sont les plus renommées du tout-Paris. Quatorze convives doivent se réunir ce soir, certains "de marque" (avocat, académicien ...), d'autres "accessoires" comme leurs épouses. Ils vont se livrer à une véritable tragi-comédie sociale, dans laquelle chacun devrait tenir son rôle, ni plus, ni moins ... devrait, car le désistement imprévu d'un convive, va bousculer tous les plans (et de table), de Sophie du Vivier, qui n'a d'autres choix alors, que de convier Sonia, sa domestique qui arrivera tel un graine de sable dans cette belle mécanique.

 

Ces Invités offrent un spectacle détonnant et tristement comique devant leurs certitudes.  Assouline étonne et réglae le lecteur avec un style léger et plein de dérision. Assouline explore avec le souci du détail d'un entomologiste les moeurs et le savoir-vivre particulier de ce microcosme. Le personnage de Sonia, apporte son grain de sel, légèrement sans pertes et fracas finalement, mais remet quelques pendules à l'heure, notamment sur la beurgeoisie (et oui, Sonia est une jeune femme arabe, thésarde de surcroît !). Un dîner terrible à lire, et auquel on voudrait absolument échapper dans la réalité !

Les Invités
Pierre Assouline.
Editions Gallimard.

207 pages. 17.90€. ISBN : 2-07-0784425-7.

 


 

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15 juillet 2009 3 15 /07 /juillet /2009 21:38

Vous êtes à la recherche d'un roman surprenant et rafraîchissant ? N'hésitez pas alors à vous plonger dans Victor de Michèle Fitoussi ! Originalité et humour sont au rendez-vous dans cet ouvrage dont le personnage principal éponnyme est un vieil original, d'une culture sans faille, laissé seul à son triste sort dans un logement miteux. Victor, 80 ans, a-t-il encore toute sa tête pour vouloir rester dans un tel lieu sa santé déclinant ? Il a, en tout cas, suffisamment d'esprit et de charme, pour se faire apprécier de sa jeune voisine, Alice, journaliste en herbe.
Fortement remuée par le destin réservé à ce papy à la connaissance encyclopédique, la jeune femme propose un reportage sur Victor à sa rédaction. Mais comment arriver à convaincre un ancien grand reporter, toujours sur le qui-vive, à la recherche du dernier scoop, évoluant dans une rédaction dont la ligne directrice est le "sensationnel" de bien vouloir consacré un article à un papy, seul comme beaucoup d'autres ? Alice manque peut-être d'expérience mais pas de ressources ! Et s'il s'agissait de faire adopter Victor ?

Ce papython déjanté est une pépite pleine de surprises. Bien sûr, un sujet aussi décalé prête à sourire, dès que l'on parcourt ces quelques lignes : "Vieux monsieur solitaire, sans attaches ni famille, expulsé de son domicile par son propriétaire, cherche foyer aimant et chaleureux pour vivre heureux. Ecrire au journal qui transmettra." Victor, au charme séduisant, est également un personnage haut-en-couleurs offrant plein de rebondissements à une intrigue mignonette, mais pourtant fouillée. En effet, Victor, brasse pour notre plus (malin) plaisir, la situation de plus en plus difficile des seniors, l'exclusion, l'adoption, le journalisme sensationnel, la quête du bonheur, mais aussi la perfidie et la trahison, dans un cocktail détonannt à découvrir absolument. Une pépite, je vous dis ;)

Victor
Michèle Fitoussi
Edition Grasset
372 pages. 18€. ISBN : 978-2-246-69931-6

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15 juin 2009 1 15 /06 /juin /2009 21:00
Mon Dieu, quelle déception ! Autant j'avais apprécié l'originalité et le verbe de Teulé dans son inarrable Magasin des Suicides, que ce Montespan m'a fortement ennuyé. Et pourtant, le sujet était croustillant et la plume de Teulé semblait adéquate ... Lous-Henri de Pardaillan de Gondrin, rencontre à la faveur d'un duel funeste, Françoise de Rocherchouart de Mortemart. Ce coup de foudre réciproque se conclut par des noces aussi rapides que passionnées. Les Montespan vont vivre chichement, chacun étant un grand passionné des jeux d'argent et des plaisirs de la société. Seulement nul de peut vivre d'amour et d'eau fraîche indéfininement, aussi pour satisfaire les goûts quelques peu luxueux de sa femme, l'époux dévoué prend charge militaire, car diriger une troupe amènerait un peu de gloire à ce noble crotté et réhabiliterait sa famille en disgrâce aux yeux du Roi.
Le destin semble sourire à ce jeune couple ambitieux, puisque Françoise se voit proposer une charge de dame d'honneur auprès de la Reine. A la défaveur de ses absences, Louis-Henri constate rapidement que Françoise évolue rapidement comme un poisson dans l'eau à Versailles, bien que celle-ci eut émis quelques craintes à ses débuts. Mais quelle n'est pas sa surprise, de la voir si bien intégrée à la cour, lorsqu'il la retrouve après 11 mois de campagne, enceinte ... mais du Roi.
A partir de ce moment, le panache dont n'a pu faire preuve le marquis de Montespan va se révèler dans ses harangues perpétuelles et inlassables contre le Roi et Françoise, devenue Athénaïs.
Si la pugnacité et l'audace du marquis sont évoquées avec justesse (son fameux carosse corné et son blason modifié à l'occasion par exemple), la véracité de l'ensemble semble compromise. Le bruit de l'histoire se veut effectivement historique, mais beaucoup de fantaisies se glissent dans ce portrait à charge du Roi et de la Montespan. Quant à la plume de Teulé, habituellement pleine d'humour, se complaît ici dans la vulgarité et s'éloigne même dans les échanges verbaux des joutes verbales dans l'esprit du XVIIIe. Décevant.

Le Montespan
Jean Teulé
Editions Pocket. 309 pages. 6.50€
ISBN :
978-2-266-18674-2

A lire !

La Montespan
de Jean-Christian Petitfils
, éditions Fayard
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4 octobre 2008 6 04 /10 /octobre /2008 21:38

de Muriel Barbery

Je suis toujours dubitative face aux engouements universels. Face au phénomène 2007 qu'a représenté l'"Elégance du Hérisson", bombardé de prix l'année passée, il en est de même.

Ce roman nous plonge dans l'univers atypique d'une concierge de la rue Grenelle, bien évidemment "petite, laide, grassouillette", comme se doit être - paraît-il ! -  toute concierge digne de ce nom. Celle-ci, ignorée et méprisée, ignore et méprise également à son tour et c'est semble-t-il bien légitime. Se gardant de régenter cet immeuble aux habitants bourgeois, elle endosse et joue son "rôle" de concierge avec scrupule et perfection ... dissimulant dans les moindres détails sa "véritable" nature : loin d'être un être de peu d'intérêt et de peu d'éducation, celle-ci nourrit une égale passion pour la peinture flamande, le cinéma japonais ou Tolstoï ...  Tout semble aller pour le meilleur des mondes, où tous semblent s'ignorer et se mépriser cordialement, jusqu'à ce qu'un nouveau locataire et une petite fille suicidaire se lient d'une profonde amitié avec cette concierge atypique.

Telle une conversation au long cours avec le lecteur, la concierge Renée se livre dans une sorte de monologue intérieur, ainsi que Paloma, la petite fille riche suicidaire, un brin arrogante également, bien sûre d'elle et vaniteuse à souhait, qui compte laisser en guise de legs son "Journal du mouvement du monde" et sa somme de "Pensées profondes", rien que ça ... Après une première partie, qui se met en place en douceur, chacune se livrant, lentement, dans un autoportrait aux touches "impressionnistes", le roman prend un nouveau souffle, plus rythmé. Si la plume de Muriel Barbery est maîtrisée, celle-ci s'offre quelques gourmandises (coquetteries ?) littéraires, mais l'indigestion guette. L'ensemble manque de teneur et de légèreté, l'écriture reste inégale basculant et bousculant le lecteur dans un méli-mélo de mots inusités - et pour cause - et de tournures alambiquées. Les portraits, au lieu de dénoncer ces stéréotypes clairement, forcent malheureusement le trait, ne s'avèrent guère convaincants et échouent à accomplir leur mission : car c'est bien cela la difficulté, à vouloir faire de cette madame Renée, un être d'exception, les concierges n'en sont que d'autant plus brocardées. Quant aux autres personnages, ils ne s'en tirent guère mieux et récoltent le même traitement manichéen : arrogance des bourgeois-riches-éduqués et haine-des-pauvres-incultes. Il est dès lors difficile de s'attacher à Renée et Paloma, dont on retient avant tout leur aigreur et leur suffisante conviction en leur supériorité ...  L'Elégance nous offre quelques - belles mais peut-être trop convenues - reflexions sur la Beauté dans l'art et dans la vie, malgré une fin à la dérobade et un peu faible.  Une lecture qui, pour ma part, a demandé beaucoup de persévérance, et pour laquelle je retiens, quelques brefs éclats, trop rares pour m'épargner un sentiment de labeur.

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28 septembre 2008 7 28 /09 /septembre /2008 16:02
Difficile exercice que d'écrire un récit de voyage. Encore plus difficile lorsqu'il s'agit d'éviter les poncifs habituels. Ici celui du finistérien Hervé Bellec est irrésistible par son humour truculent et la vivacité de sa plume, menant son récit à bon train ... de Brest à Vladivostok, via Paris et Moscou, of course.
Croquant à merveille l'âme salve de ses compagnons de route et toute l'atmosphère décalée et hors normes de ce mythique Transsibérien, parfois acide, souvent cocasse mais toujours affectueux, il nous plonge avec brio  dans cette folle épopée, à travers un pays que nous avons bien souvent peine à comprendre.

Résumé de l'éditeur:
Récit d'un périple de quinze jours à travers la Sibérie, à bord du Transsibérien. Parti de Brest, l'auteur retrace chaque étape de son voyage depuis Roissy jusqu'à Vladivostok en passant par Moscou, l'Oural, la taïga, le Baïkal ou encore le fleuve Amour. Il évoque aussi bien Yulia sa compagne de voyage que le wagon-restaurant ou encore Blaise Cendrars.

Une critique détaillée est à paraître dans la revue In-Fusion N°3 consacrée au voyage.


Les Sirènes du Transsibérien
Hervé Bellec
260 pages. 24€. ISBN: 2-915002-25-6

A découvrir également :

Le site des éditions Géorama : http://www.georama.fr/
Le site de Hervé Bellec : http://myspace.keonnected.com/mbellec/fr/index.html

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6 septembre 2008 6 06 /09 /septembre /2008 21:52

Suite indochinoise, de JL CoatelemRécit de voyage au Vietnam.
de Jean-Luc Coatelem.

 A travers ce livre de route, Jean-Luc Coatelem, écrivain et journaliste à Géo, nous invite à le suivre lors d'un voyage aux allures de pélerinage, sur les traces de son grand-père, Camille, officier de l'Empire Français, dans l'Indochine des années 20. Nous sommes en 1990 et désormais, les voitures de grande remise ont cédé la place aux scooters et autres tuk-tuk, l'Impérialisme au communisme, puis à un capitalisme agressif où tout est marchandise dans ce pays encore fragilisé par son Histoire mouvementée. Coatelem alterne adroitement, par un effet miroir incisif, une peinture du Saïgon communiste qui "défie la morale socialiste" et extraits de livres contemporains à son grand-père (Cochinchine de Léon Werth, textes du Comité du Tourisme colonial ...) 
 Ce récit entraînant se lit avec plaisir - et bien rapidement ! - servi par une plume alerte.

Une critique détaillée est à paraître dans la revue In-Fusion N°3 consacrée au voyage.

Extrait :
"Difficile de voyager avec des livres. Certains pèsent aussitôt, d'autres s'égarent, tous s'écornent et s'abîment. La plupart du temps, l'énergie même manque pour les lire : franchi quelques centaines de kilomètres, une poignée de méridiens, le volume convoité se métamorphose en vilain petit canard ; l'auteur choyé tombe son masque, il devient affreux rabat-joie emporté par erreur, un intrus dans vos tropiques ... Rien, aucune ligne, pas même un frisson d'envie, tristes victimes du décalage. Les belles fictions se fanent, fresques antiques bues par une lumière nouvelle, comme dans le film de Fellini ... J'ouvrais plutôt mes fenêtres sur le Tibre, le Tage ou la mer d'Oman pour admirer les reflets de l'eau sous le ciel. Et je humais le soleil, les yeux clos, vrai lézard, ivre de réverbération, comblé d'une joie lente animale, sans nom. La littérature ne me concernait plus, j'avais enfin le monde en direct : nul besoin du philtre des mots imprimés ..."

Suite indochinoise
Jean-Luc Coatelem
Editions de la Table Ronde -
Collection La Petite Vermillon
184 pages. 7€. ISBN : 978-2-703-3052-3

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30 juillet 2008 3 30 /07 /juillet /2008 10:56
de François Simon.

Amoureux de la gastronomie, ce livre est fait pour vous ! A prime abord, il déroute. Ni guide, ni roman, mais riche en descriptions elles-mêmes savoureuses, véritable poésie culinaire et fort de réflexions "à point" sur la restauration de notre chère capitale, tranchantes comme un fil à couper le beurre sur la "peoplisation" et autres effets de mode dont souffrent également les bonnes - mais aussi les mauvaises adresses - toquées ou non ; "Aux innocents la bouche pleine", à la fois un carnet de bord et une ballade gastronomique, en compagnie de François Simon, critique gastronomique à Paris Première et au Figaro.
Son écriture limpide  produit en vous un sentiment d'intimité très fort avec François Simon, voire de communion au fil de ses réflexions ! Tantôt sévère,  tantôt élogieux,  mais toujours à juste titre, il redore le blason de chefs oubliés ou exclus des cercles parisiens bien-mangeants bien-pensants (id est Alain Senderes, Tateru Yoshino et bien d'autres), parfois empreint de nostalgie (que sont devenues les Halles ...), il n'hésite pas à sanctionner la médiocrité, la concupiscence étudiée face aux modes qui poussent certains à vendre l'âme de lieux devenus "mythiques" dans le Paris culinaire, et ceux jouant de l'esbrouffe pour quelques euros de plus.
Avant toute chose, Aux innocents la bouche pleine, est une ode à la "vraie" gastronomie, respectueuse du palais, surprenante en bouche, créative et terriblement délicieuse ...

Voici un extrait, qui rappelera à n'en pas douter, à bon nombre d'entre vous quelques mésaventures dinatoires :
"Pomme cuite longtemps au four". Qui résisterait à ce petit appel du pied ? La pomme arrive dans un joli moule en terre cuite en forme de pomme. la cuillère tournoie au-dessus avec cette peur exquise, celle que ce soit un peu trop chaud. Mais en bouche, consternation, c'est froid. Bah... ça arrive, mais c'est dommage. Un dessert loupé, c'est un peu comme un rendez-vous manqué, on pense d'autant plus à qui, à quoi on s'attendait. Le service passa pour la treizième fois et s'enquit des langueurs de notre appétit. Avec beaucoup de gentillesse, on fit part de la température discutable de la pomme.
- Vous avez tout à fait raison, s'indigna le directeur de salle, ce dessert doit être chaud ou tiède mais surtout pas froid ! Je vous le remplace immédiatement.
La bonne affaire ! Sauf que l'appétit s'était enfui, il était tard, il fallait repartir. Les acfés arrivèrent, le directeur aussi avec un topo pas piqué des hannetons.
- En fait, corrigea-t-il, j'ai demandé en cuisine, c'est comme ça que cela doit être servi : à température de pièce.
Sacrés chefs, ils ont toujours l'amour-propre que les grignote, le narcissime qui boulotte : jamais tort, toujours raison."


A découvrir également :

Son excellent blog qui décortique avec humour l'actu culinaire (à suivre de près les catégories "Mes Tables du moment" et "Ah, non pas ça")
Ses deux précédents ouvrages :Manger est un sentiment, (Belfond, 2003) et Comment se faire passer pour un critique gastronomique sans rien y connaître, (Albin Michel, 2001)

 

Ses chroniques sur Paris Première





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1 juin 2008 7 01 /06 /juin /2008 20:00

de Florence Noiville

« Enfance / Insouciance. Rime pauvre et paresseuse. Calamiteuse. »

 

Cette autopsie d'une relation mère-fille évoque le pesanteur des secrets de famille pour une (trop) petite fille, face à l'opacité du monde des adultes. A l'occasion de cette donation, l'auteur revient sur sa jeunesse avec une mère maniaco-dépressive, à une époque, où cette maladie n'était pas encore reconnue comme une maladie, mais perçue comme un tempérament extravagant. Incompréhension de la mise à l'écart et douleurs du passé se font plus vives en se penchant sur l'après-parents. Se confronter à la mort a un pouvoir réfléchissant duel. Dans un jeu de miroir, Florence Noiville est amenée à examiner sa vie et ses relations avec ses parents. Sa vie telle qu'elle est, telle qu'elle était, telle qu'elle était rêvée. Toutes ces « vies » ont un dénominateur commun, une seule et même source, une origine et un commencement : la naissance et la jeunesse. C'est le chemin qui mène Florence Noiville à analyser cette donation : il ne s'agit pas d'un simple transfert de propriété (de nue-propriété symbole de dépouillement et d'un entre-deux). Non. Cette donation matérielle révèle au grand jour, une autre donation impalpable, inchiffrable et non-monétaire : celle de l'éducation et de l'amour, de nos forces et de nos faiblesses, ce qui fait la richesse et l'unicité de chacun. Mais au-delà, en filigrane, elle nous pose cette question : et si notre vie était conditionnée par quelques héritages hors de notre contrôle ? N-at-elle pas mené sa vie, en fonction de cette épreuve  ? Y-at-il réellement des familles « maudites » dont les blessures suivent et poursuivent les générations ? Peut-on recevoir les maladies de l'âme en héritage ?

Mais La Donation nous conte également une histoire d'amour. Celle de la narratrice avec ses parents. Comme toute histoire d'amour, celle-ci n'est pas dénuée de conflits, d'incompréhension mais aussi de passion (ibid de souffrances) , quand imperceptiblement ou brutalement nous quittons l'enfance :

 

« Nous sommes tous orphelins. Notre soif de consolation est inépuisable. J'avais dix ans quand j'ai perdu mes parents. Tous les deux sont en pleine forme aujourd'hui, mais je ne cesse de remuer ciel et terre pour retrouver quelque chose de la vie d'avant. Quoi, je ne saurais le dire exactement. Je cherche le sol primitif. Une trace d'avant le vacillement du monde. »

 

Chaque enfant est marqué par une pierre, petit caillou ou gros rocher, contre lequel il trébuche et qui marque la fin de son « innocence » , telle une initiation, lors de laquelle les masques tombent. La Donation évoque également ces souvenirs vifs ou pauvres, difficilement appréciables par leur éloignement dans le temps et notre « habit » d'adulte.

 

« Tout tournait autour. La donation ou plutôt le don. Avec toutes ses variations : l'abandon, le don, le pardon. »

 

Journaliste et rédactrice en chef du Monde des Livres,Florence Noiville signe ici son premier roman, après un passage prolifique en littérature jeunesse et une biographie d'Isaac B.Singer. Elle écrit également sous son nom d'épouse, Florence Hirsch, sous lequel elle a publié le merveilleux roman jeunesse, Je Cherche Les Clés du Paradis, qui évoque le deuil et la perte et fait écho à la Donation.

 

La Donation
Florence Noiville
Edition Stock
126 pages. 13€. ISBN :
978-2-234-05903-0

 

Ensemble de critiques consacrée à l'enfance dans la littérature à paraître dans la revue In-Fusion, n°2 "l'enfance".
Diffusion et distribuion : Editions du Jasmin (www.editions-du-jasmin.com). Tél : 01.41.27.04.48 / Fax : 01.42.70.11.59

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