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15 août 2013 4 15 /08 /août /2013 20:27

Amor-Towles-Les-regles-du-jeu.jpg

31 décembre 1937, au coeur du Greenwich village, Katey et Eve, deux tourbillonnantes colocataires, décident de sortir et de s'encanailler en cette vieille de Saint-Sylvestre. Peut-être de charmants garçons leur offriront une agréable compagnie et quelques martinis. Elles rencontrent dans un club de jazz à la mode, Tinker Bell, banquier de son état, plutôt friquet et un brin mal à l'aise en ce lieu. Les trois compères sympathisent et cette nouvelle année bouleversera leur vie. Car si Tinker semble appartenir à cette jeunesse aisée, Katey et Eve aspirent à rejoindre les cercles dorés des privilégiés. Katey, trentenaire et dactylo dans un cabinet d'avocats recherche des jours meilleurs au coeur de ce Wall Street palpitant. Cette soudaine rencontre avec Tinker offre aux deux jeunes femmes l'espoir de se rapprocher des cercles dorés. Katey n'est pas insensible au charme de Tinker, qui apprécie l'humour et l'esprit de cette jeune femme qui cache ses origines modestes derrière cette verve mordante. Eve, quant à elle, brille par sa fantaisie et son spontané. Les deux jeunes femmes savent bien que les règles du jeu du trio changeront. Mais elles n'imaginent pas encore que cela soit si abruptement lors d'un accident de voiture. 1938 modifie la donne, chacun devra faire face à ses fragilités, à ses failles mais aussi à ses mensonges. 

Une ambiance de l'entre-deux-guerres jazzy dans un New York en perpétuel éveil ... Un air de Francis Scott Fitzgerald ? Son évocation poursuit l'auteur et celui-ci n'a pas à rougir de la comparaison, même si celle-ci peut peser sur les épaules d'un écrivain ! Amor Towles ressucite d'une main de maître cette belle époque dans un premier roman rafraîchissant et divertissant. Il mène son intrigue avec progression et efficacité. Les dialogues sont jubilatoires et incisifs, l'ensemble équilibré et les descriptions font appel à tous vos sens. Towles donne également une consistance certaine à ses personnages, riches en complexité et aspirations, dans une ville non moins paradoxale, acceptant le melting-pot mais s'arc-boutant également sur l'appartenance sociale. Décortiquant clles-ci, il offre un portrait cinglant d'une génération qui chercha un sens dans la réussite, quitte à se compromettre, derrière the rules of civility. Et une mention spéciale pour la référence à Thoreau et son Walden ou la vie dans les bois. 

Les Règles du Jeu a été recompensé du Prix Fitzgerald 2012. En espérant que Towles sera confirmé la vivacité et l'énergie de ce premier roman ... Ce que vous pourrez découvrir si vous vous lancez dans la lecture de l'ebook Eve in Hollywood

Les Règles du Jeu.
Amor Towles
Albin Michel.
512 p. 23,20€. ISBN : 9782226239983

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6 août 2013 2 06 /08 /août /2013 20:03

book_v_562.jpg" - Quand j'ai levé les yeux ce matin-là et que je t'ai vu sur le sentier, ma première idée, ça a été de venir vers toi pour te donner un bout de pain. Je voulais te poser des questions sur l'Amérique. Il y avait des tas de choses dont on aurait pu parler. Tu aurais pu me parler de chez toi, et moi de chez moi. On aurait pu aller chercher des nids d'oiseaux dans les bois, on aurait ri et discuté ensemble. Et puis une fois qu'on se serait mieux connus, je t'aurais montré une photo de ma fiancée et je t'aurais lu des passages de ses lettres.

Il s'est tu et il m'a regardé.
- Pourquoi est-ce que je n'ai pas fait ce que je voulais faire ? il a demandé lentement ..." 

Le soldat Manuel Burt croise au détour d'un chemin dans les bois, un soldat allemand, accroupi, en train de manger son pain noir. Leurs regards se croisent, ils s'observent ne sachant que faire, l'un tripotant son fusil avant que le second lâche son pain pour saisir son pistolet et que le combat au corps à corps ait lieu. Derrière ce jeune soldat se cache la voix de William March, ou plus exactement celle du soldat William Campbell, son nom civil. Car si William March  est originaire de l'Alabama, il s'engage dans le corps des Marine en juin 1917 alors que la Première Guerre mondiale fait rage. Une fois débarqué en France, il est blessé et il participe avec sa compagnie à de nombreuses batailles, dont celles du Bois de Belleau et de Saint-Mihiel, qui lui valurent trois médailles militaires dont la Croix de Guerre. Trois médailles qui conserveront pour lui un goût amer, celui de la brutalité de cette guerre et des luttes au corps à corps, dont il ressortira profondément marqué, notamment après avoir tué un jeune soldat allemand face auquel il se retrouva soudain.

Véritable roman polyphonique, Compagnie K, nous fait entendre la voix des 113 soldats d'une compagnie, par des instantanés de vie, de leur préparation à leur arrivée en France, de l'enfer des tranchées au retour au pays ou encore d'outre-tombe. Des tranches de vies qu'il mit bout à bout, issues de son expérience de la guerre et des lettres qu'il envoya à sa soeur durant le conflit, sans tomber dans l'autobiographie. Car il y a un peu de lui dans chacun de ces hommes. Que ce soit le soldat Joseph Delaney qui ouvre le bal de ce livre et qui se dit "J'ai enfin fini mon livre, mais est-ce que j'ai accompli ce que j'avais entrepris de faire ?" ou le soldat Manuel Burt. Ces textes fragmentaires sont comme autant de miroirs de l'homme face à l'horreur et l'absurdité de la guerre. Il parle pour eux tous, tous ceux qu'il croisa : qu'ils soient un soldat inconnu mourant et réconforté par l'ennemi, un soldat brimé ou privé de sommeil et constamment sollicité, un soldat priant pour devenir aveugle et quitter cette maudite guerre, planqué, ou encore devant obéir à un ordre cruel et gratuit se rebellant ou s'exécutant ... Tous nous livre leur part d'humanité à travers ces portraits, entamée par la réalité de ce que March appelait "le triomphe de la stupidité sur toute autre chose".

Si William March est méconnu du public français, n'ayant eu jusqu'à présent qu'une nouvelle traduite, Graine de potence, la toute première édition française de Compagnie K met en lumière cet auteur qui reçut force récompenses miliaires et succès littéraire. Premier roman de March paru en 1933, Compagnie K acquit rapidement un retentissement équivalent au renommé "A l'ouest rien de nouveau" de l'Allemand Erich maria Remarque, tous deux partageant non seulement cette volonté de dénoncer les atrocités de la guerre, comme bon nombre d'oeuvres issues de cette littérature d'après-guerre, mais également un style vif, concis, cru et immensément réaliste, ne faisant pas de la guerre une matiére épique mais un instantané de cauchemars, de peurs, de vilenie et d'atrocités. 

Pas de héros en perspective, juste des hommes face à l'inconcevable pensant faire le meilleur choix possible au moment où ils sont amenés à le faire, si encore ils ont le choix, la guerre les aliénant de toute liberté d'agir à leur guise, mais en un seul corps, une seule voix, un pays. Tuer ou se faire tuer. Tuer à la baionnette, au gaz, au pistolet. Se suicider ou se défiler aussi. Pour se sauver. March restaure leur individualité et leur rend hommage en leur laissant la voix, tout en veillant à la force du récit, enchevêtrant les histoires, exacerbant ainsi l'ironie. Ironie de la guerre, mais aussi ironie du mensonge patriotique à travers l'histoire de quatre soldats confronté à une question éthique : obéir et tuer gratuitement ou désobéir et se voir condammer au conseil de guerre ? 

"Pourquoi je refuse pas de faire ça ? je pensais. Pourquoi, on refuse pas tous ? Si on est assez nombreux à refuser, qu'esce qu'ils pourront faire ? ... " Et là, j'ai vu clairement la vérité : "On est aussi des prisonniers : nous sommes tous prisonniers ... Non ! j'ai dit. Je ne le ferai pas !"
"Tout ce en quoi on m'a appris à croire sur la miséricorde, la justice et la vertu est un mensonge, je me disais ... Mais le plus gros mensonge de tous, c'est la phrase "Dieu est amour"

C'est aussi un précieux ouvrage car il est à la fois un des rares témoignages américains sur la Première Guerre mondiale et une oeuvre dénonçant toutes les guerres.

A découvrir dès le 12 septembre.

Compagnie K
William March.
Edition Gallmeister.
288 pages. 23,10€. ISBN : 9782351780688 

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2 juillet 2013 2 02 /07 /juillet /2013 23:26

9782234074781-G.jpgAvant d'être un film de Laurent Cantet (Foxfire), Confessions d'un gang de filles est un portait au vitriol de l'Amérique des années 50 de la prodigieuse Joyce Carol Oates. Plaidoyer pour ces jeunes femmes cherchant plus de justice et de liberté, pamphlet contre ces mêmes confréries, dont l'univers se déconnecte inexorablement de la société, qui à vouloir la faire changer et la convaincre de sa bonne cause, ne peut que l'horrifier et en être rejetée.
Car ce que vous trouverez dans ce livre, pêle-mêle (mais dans un désordre bien orchestré, ainsi que le sont les intrigues remuantes de Oates, laissant le lecteur sans répit), c'est une aspiration forte et irrépressible des ces jeunes filles à être aimées pour ce qu'elles sont, certaines abandonnées de leur famille ou isolées, à être respectées que ce soit par les hommes ou par les consoeurs. C'est l'histoire de jeunes femmes qui se choisissent une famille, se choisissent pour soeurs, dans un monde qui leur semble hostile et dans lequel il leur semble nécessaire de rétablir une certaine justice. C'est un monde animé par des idéaux et par le charisme de Margaret, dite Legs, dont le père n'est qu'une ombre depuis le décès de sa femme. Empreinte des idées de liberté et d'égalitarisme, elle édicte la table des lois de Foxfire, où chacune trouvera refuge et se dévouera (jusqu'à la mort ou l'exclusion  s'il le faut). Simples suiveuses ou partisanes déterminées, chacune d'entre elles souhaite se réaliser dans cette nouvelle famille aux membres disparates.  S'illustrant d'abord dans des actes anodins, comme punir un oncle cherchant à négocier sa machine à écrire destinée aux rebuts contre cinq dollars ou une gentillesse, le clan va très vite évoluer aux marges des règles communes, car pour vivre ses rêves ou tout simplement survivre, il faut subvenir à ses besoins ...

Dans son adaptation cinématographique, Laurent Cantet nous propose une interprétation libre et pourtant quasi évangélique du bouleversant roman de Oates, où l'on retrouve une même tension tragique, montant progressivement, taisant avec pudeur le passage à Redbank de Legs pour mieux se focaliser sur ces consoeurs. Cette adaptation est d'une très grande qualité et servie par l'interprétation magistrale de ces jeunes femmes.

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13 mai 2012 7 13 /05 /mai /2012 21:03

Bruce-Machart-Le-sillage-de-loubli1-1.png1895, 1910, 1924, 1898, quatre années, autant de miroirs dans l'histoire de la famille Skala, propriétaires terriens texans.

1895, chez les Skala, une famille d'immigrés tchèques, la vie est dure depuis longtemps, et plus particulièrement depuis le décès en couches de Klara, donnant naissance à son quatrième fils, Karel. Totalement démuni, Vaclav, le père, doit trouver une nourrice pour son fils, et s'occuper du corps de sa femme. Désormais la vie à l'exploitation sera plus rude pour ses fils, qui travailleront dès lors comme des bêtes de somme auprès d'un père blessé et tyrannique, pour avoir les meilleurs chevaux. Il n'hésitera pas à sacrifier ses fils, leur scolarité et leur santé, en leur extirpant toutes les forces au service de son exploitation, tant et si bien qu'ils remplaceront ses meilleurs cheveux pour tout travail de trait, difformant ainsi leur cou.

1910, Karel est désormais âgé de 15 ans. Pour oublier cette vie harassante,  toute en rudesse dans l'obscurité des coeurs, les courses de chevaux demeurent un de ses échappatoires. Mais le jeu, passion paternelle, se mêle régulièrement de celle-ci pour acquérir des terrains ou des bêtes supplémentaires. C'est sans compter sur l'arrivée d'une famille espagnole, les Villasenor. Appâté par la richesse de Vaclav, Guillermo lui propose un terrible pari : une course de chevaux, engageant Karel contre une de ses filles. L'objet du délit ? Des terres supplémentaires et trois mariages pour chacun des frères, excepté Karel.

1924, Karel, désormais heureux chef de famille, a hérité des terres de son père. Sa femme Sophie attend leur troisième enfant, un fils peut-être. Ses frères et lui ne sont plus en contact depuis le décès de leur père. Après avoir grandi avec le sentiment de culpabilité d'avoir précipité la mort de sa mère en venant au monde, Karel vit désormais avec le poids de la mort de son père ... Entre l'exploitation familiale et la vente d'alcool, son destin reste inextricablement lié à celui des Villasenor, à laquelle appartiennent désormais ses frères, qui ont quitté la tyrannie paternelle pour une autre bien plus diffuse et pernicieuse ...

Premier ouvrage de Bruce Machart, le Sillage de l'oubli, est une épopée familiale sombre et passionnante qui vous portera très loin de l'oubli ! Espérons que ce roman prometteur inaugure une belle carrière à son auteur, déjà comparé à des grands noms de la littérature américaine, comme William Faulkner et Cormac MacCarthy.
Son écriture sans fioritures mais détaillée pose une atmosphère lourde et électrique, appelant l'ensemble de nos sens que ce soit l'ouïe, le toucher ou l'odorat tant les descriptions fines et complexes nous donnent de sentir et ressentir la terre travaillée, la furie des chevaux en course, la moiteur de l'été, les tensions et l'animalité des défis.
C'est aussi l'écriture maîtrisée d'un roman d'atmosphère qui prend le temps, comme on le fait peu souvent, de déployer sa trame, inexorablement et de façon soutenue, nous gardant toujours dans cette tension, dans cette fébrilité de la lecture. Un roman obsédant sur l'obsession d'un homme souhaitant conquérir toujours plus, happé par le flot de ses désirs, celui d'oublier le vide, ce vide laissé par sa femme, quitte à broyer tout sur son passage, y compris ses propres fils.
Digne d'une tragédie grecque, Le Sillage de l'Oubli, est sans conteste un des meilleurs de la rentrée littéraire de ce début d'année. En refermant ce livre, une certaine nostalgie pointe à l'horizon laissant l'impression d'avoir clôturé la lecture de très belles pages de littérature, un grand roman dans tout ce que cela a de noble, venant d'un virtuose en devenir.

Le Sillage de l'Oubli
Bruce Machart.
Editions Gallmeister. Collection "Nature Writing".
344 p. 23,60€. ISBN : 978-2-35178-049-7

A voir !

Le site des éditions Gallmeister.
Le site de Bruce Machart

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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 20:50

femelles.jpgMais qui sont ces femelles ? Des femmes, âgées ou en devenir, anti-héroïnes à la dangerosité dissimulée, cachée, tapie dans l'ombre ... Des femmes dangereuses car capables de tuer.

Quand Oates quitte le roman pour la nouvelle, cela donne neuf pépites au charme glauque et fascinant. Sa verve et son style sont toujours au service d'un imaginaire affûté comme la lame d'un couteau. En quelques lignes, Oates vous balade d'un univers à l'autre, dans neuf nouvelles bâties sur le roc : intrigues solides, suspens manié de main de maître et acuité spéciale pour dépeindre les accidentés de la vie et une société américaine trouble et bien moins polissée que l'image qu'elle se prête.

Chaque nouvelle est une fenêtre sur un monde différent, dans un cadre ordinaire avec des personnalités décalées ou communes, amenées à commettre l'irréparable, que ce soit la douce épouse dévouée mais manipulée (Avec l'aide de Dieu), la petite fille délaissée jalouse de son petit frère (Banshee) ou l'étrange Poupée, une jeune lolita, prostituée par son père, (dans un secteur bien spécifique "Ne Pas Toucher") ou bien encore cette infirmière pratiquant l'euthanasie (Ange de miséricorde),  cette femme seule, élevant sa fille, à l'amant d'un soir brutal et invasif (Dis-moi que tu me pardonnes), la femme adultère liquidant son mari (Faim).  Toutes ces femmes sont peu ou prou des femmes apparemment inoffensives, jusqu'au point de rupture, atteint dans une tension grisante. Et c'est là que réside tout le génie de Joyce Carol Oates, qui montre l'inextricable chemin de ruine qu'elles empruntent, dans une suggestion par petites touches, qui ne laisse jamais l'intrigue se dévoiler totalement.

Membre de l'Académie américaine des arts et des lettres depuis 2008, professeur de littérature anglaise à Princeton, Oates est un auteur phare de la littérature américaine contemporaine.

Les Femelles
Joyce Carol Oates.
Editions Philippe Rey.
281 pages. 19,80€. ISBN :  978-2-84876-096-4

Le site des éditions Philippe Rey

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12 août 2011 5 12 /08 /août /2011 15:30

Christopher MacCandless est un jeune homme brillant, plein d'idéaux et promis à un avenir radieux. Ce sont ces mêmes idéaux qui vont le pousser à rompre avec un avenir tout tracé, à quitter sa famille, pour se rapprocher de son rêve, fait de dépouillement et de communion avec la nature. Prenant seul la route sous le pseudonyme d'Alexander Supertramp. Ce "voyage au bout de la solitude" est un voyage vers l'absolu. Pur et virginal, nullement entâché par l'activité, les désirs de pouvoir ou de conquête de l'homme, un monde dans lequel celui-ci évolue humblement parmi une nature sauvage et insensible.  Il traversera les Etats-Unis avant de se rendre en Alaska pour une ultime aventure, lors de laquelle il y laissera la vie.

Jon Karakauer, écrivain et journaliste au sein de la revue Outside,  revient sur le périple de MacCandless. Suite à un grand travail de recherche, il le restitue, suivant son carnet de voyage et des témoignages de personnes ayant croisé son chemin, partagée quelques moments de son existence. Ce portrait par petites touches est renforcé par des extraits de livres aimés et surlignés par MacCandless (Thoreau, Tolstoï, London, Pasternak ...) lors de son voyage, extraits qui dévoilent l'essence même de ce périple et de ses idéaux. Krakauer jette également de nombreux ponts entre sa propre expérience d'alpiniste (il gravissait avec son équipe le Mont Everest en 1996, expérience qui fut un désastre, et dont  il reviendra atteint du syndrôme des survivants, huit autres alpinistes ayant trouvé la mort)  et celle d'autres doux rêveurs, qui avant MacCandless se lancèrent dans de telles chimères.

Ce récit de voyage a été adapté par Sean Penn au cinéma en 2007. Krakauer a également écrit sur sa propre aventure au Mont Everest dans Tragédie à l'Everest.

A lire également !
Croc-blanc, Jack London
Le Bonheur conjugal, Léon Tolstoï,
L'Ouest américain comme espace vital et  Pays mormon, Wallace Stenger
Walden ou la vie dans les bois, Journal, Ktaadn, Henry David Thoreau
Les Aventures de Huckleberry Finn, Mark Twain,
La Solitude : un retour vers le soi, Anthony Storr,
A la recherche du miraculeux, Theodore Roszak,
Voyage à Chalkyitsik, Edward Hoagland,
Le Docteur Jivago, Boris Pasternak
Les Etoiles, la neige, l'eau, le feu. Vingt-cinq ans dans la solitude du Nord, John Haines
Lettre d'un homme, John Menlove Edwards
Les Montagnes de Californie, John Muir
Le Père mort, Donald Barthelme
La Nature et l'esprit américain, Roderick Nash
L'Eté de la faim, John M. Campbell
Escalades dans les Alpes, Edward Whymper

Le site officiel du film : http://www.intothewild.com/
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18 juin 2011 6 18 /06 /juin /2011 21:07

9782743621827FS.gif"Lors d’une vraie nuit noire de l’âme il est toujours trois heures du matin, jour après jour."

L'effondrement est l'analyse clinique de cette nuit noire, cet envers du décor que connaît Fitzgerald après le succès, puis l'oubli et enfin les mondanités étourdissantes et destructrices.  Parues en 1936, quatre années avant sa mort, les deux nouvelles qui composent l'Effondrement, montre un Fitzgerald, hâppé par l'insomnie,  face à face avec ses remords et ses illusions perdues. Il s'agit d'un véritable trou noir qui l'engloutit inexorablement, paralysant chez lui tout instinct créatif, toute course vers le bonheur. Son sens du détail et de l'analyse est tout simplement saisissant et l'on se retrouve derrière l'universalité qu'il dépeint, celle d'un homme qui, acculé, se résigne et renonce, s'abîme dans cet effondrement ou choisit de lutter et de se détacher de ses désirs profonds.

L'Effondrement
Francis Scott Fitzgerald.
Editions Rivages & Payot. Collection "Petite Bibliothèque". Edition bilingue.
90 pages. 5€. ISBN : 978-2-7436-2182-7
 

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10 mars 2011 4 10 /03 /mars /2011 21:20

17795Joyce Carol Oates a le chic pour les romans chocs et les titres qui font mouche, comme cet étonnant "Viol, une histoire d'amour", qui ne peut qu'interpeller face à la proximité incongrue de ces deux vocables : viol et amour.

Bien entendu, comme dans tout roman de Oates, vous retrouverez la pointe amère, l'esprit acide et le regard acerbe qu'elle pose sur la société américaine, et notre humanité en général. Vous n'y trouverez également aucun pathos, aucun voyeurisme, ni aucune maladresse dans le traitement de ce sujet douloureux. Ce que vous y trouverez, vous demandez ? Un roman d'une très grande force et dignité, qui raconte effectivement une histoire d'amour, celle d'une mère et de sa fille, témoin de son martyr. Car martyr il y a eu, puisque Tina est laissée pour morte après avoir été brutalisée et violée par une bande alcoolisée et hallucinée devant les yeux de Bethie, sa fille de 13 ans.  Survivante et ombre d'elle-même, Tina se reconstruit un tant soit peu comme elle peut, accompagnée de sa fille et de sa mère ... jusqu'au jour où elle recouvre la mémoire et qu'elle doit affronter l'opprobre jetée sur elle par ses bourreaux mais aussi les petits commérages du quartier, car selon eux "c'était couru. Elle le cherchait cette garce." Peut-être trop jolie, peut-être trop "libre" à reconstruire sa vie et refaire sa vie amoureuse après le décès de son mari ... peut-être simplement trop jalousée, elle va cristalliser sur elle ce que l'homme peut avoir de mesquin notamment dans les tribunaux. 

Comme pour Mère disparue, la narration suivait le point de vue de la fille, Oates adopte de temps à autre ce mode narratif qui dévoile ses pensées, ses réflexions sur l'amour maternel, ses relations avec sa mère avant mais aussi après un évènement violent (dans Mère disparue, la mère est brutalement assassinée), comment la force de la vie qui nous pousse toujours en avant et nous éloigne d'époques rétrospectives bénies et heureuses et nous amène à changer notre regard sur autrui et, le cas présent, sur ceux que nous pensions déjà connaître par coeur, mais si partiellement en tant qu'enfant, et de façon plus accomplie une fois adulte, voire adulte orphelin.

Oates demeure le témoin privilégié de ses contemporains et les portraiturent avec une finesse et une justesse quasi naturaliste. Même s'il est acquis qu'elle est un grand écrivain, pour moi, elle fait déjà partie du panthéon des écrivains américains contemporains, dont la trace et la portée feront date dans la littérature.

 

A voir !
Une avant-critique sur le blog de Pierre Assouline
La critique de Mère disparue

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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 15:56

787_g-a5583-1.jpgQuoi de mieux qu'un voyage entre père et fils pour se retrouver et resserrer les liens familiaux quelques peu distendus ? Et meux encore, s'il s'agissait d'une aventure extrême, comme s'installer un an dans une cabane sur une île oubliée de l'Alaska ? Cela devient tout de suite plus ambitieux et déraisonnable, mais telle est la route choisie par Jim et son ado de 13 ans, Roy. Jim, est divorcé de la mère de Roy et fraîchement séparé de son amie. Roy, est un ado "classique" soumis aux turpitudes habituelles d'un ado de son âge, mais semble plus fragile qu'il n'y paraît et très sensible aux failles et défaillances de son entourage. Un ado à fleur de peau.
C'est donc après quelques hésitations, que Roy choisit finalement de suivre son père pour cette aventure, laissant derrière lui sa mère et sa soeur, en toute conscience de ce choix, de ses origines et ses implications ; choix, qui - il le pressent déjà - bouleversera de façon irrémédiable sa vie. L'enthousiasme tout feu tout flamme de Jim n'a pas la contagion que celui-ci espérait, serait-ce car derrière cette façade d'assurance et de bonhomie, se cache finalement un homme brisé, peu assuré ? Très vite, les nuits deviennent cauchemardesques pour Roy, témoin auditif, "otage" des pensées de son père, qui se confesse littéralement à son fils, la tension est palpable, tout peut basculer, un premier incident intervient lorsque leurs victuailles sont dévorées, abîmées et déchiquetées par un ours ... ce qui ne pourrait être que le climax de cette aventure, présage un affolant tourbillon de circonstances, dont l'apogée horrifique ruinera à jamais leur vie.

La force de David Vann  est de s'emparer de l'esprit du lecteur dans ce roman qui fusionne nature writing et thriller psychologique véritablement haletant et angoissant. Le tournant inimaginable par le lecteur le fait basculer dans l'horreur : et moi à sa place qu'aurais-je fait ? Que sommes-nous pour évaluer, juger les actes d'individus poussés dans des situations extrêmes ? les paysages sont magnifiques et illustrent parfaitement cette nature que nous souhaitons ignorer : une nature rude et indifférente à l'homme rudes, qui ne lui offre aucun réconfort ni répit, une nature sur laquelle l'homme ne peut compter, qui le repousse dans ses retranchements les plus profonds, met à l'index ses failles et souffrances les plus cachées et  à laquelle seuls les esprits forts peuvent survivre.
Sukkwan Island vous interpellera et vous questionnera.

Sukkwan Island
David Vann
Editions Gallmeister. Collection Nature writing.
191 p. 21,70€. ISBN : 978-2-351-78030-5

       

A voir !

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 21:54

l_piliers_de_la_terre.jpgUn homme roux est pendu, une mystérieuse femme enceinte, Ellen, aux yeux d'une clarté ensorcelante maudit les commanditaires de cette pendaison en engorgeant un coquelet dont le sang les entachent tous ... Quelques années plus tard, nous découvrons Tom, maître-bâtisseur, Agnès sa femme, leur fils, Alfred et leur fille, Martha. Leur bonheur semble parfait avec la naissance prochaine d'un troisième enfant. Or le chantier sur lequel travaille Tom prend brutalement fin, avec le refus d'une jeune héritière, Aliéna, d'épouser William Hamleigh, un jeune homme brutal et impulsif. Condamnés à errer sur les routes à la recherche de travail, la famille croisent Ellen et son fils Jack ...

Il est des livres dont la seule épaisseur peut vous impressionner, il faut dès lors sauter le pas ...  Cette fresque monumentale, issu de l'esprit fécond du maître du thriller, Ken Follett, en fait partie. Après une mise en bouche mystérieuse avec un décor planté sous couvert de malédiction et de pendaison, le rythme s'accélère pour très rarement ralentir : les intrigues et les coups de sort vont bon train et se succèdent, jusqu'à la fin ultime, où Follett arrive là où on ne l'attendait pas. Survolant près d'un demi-siècle de l'histoire de l'Angleterre, lors d'une période de troubles et d'instabilité politique. Un vrai travail de recherche historique a été réalisé par Ken Follett pour que l'environnement de ce roman historique soit le plus réel possible, et s'ancre dans une période charnière de l'Angleterre. 

L'esprit "thriller" de Ken Follett rend ce roman historique vraiment palpitant. La succession de rebondissements peut lasser par moments, mais l'ensemble de l'oeuvre est rondement mené, avec une préférence pour les trois premières parties, dont le style tout en étant agréable reste soutenu.

Un "incontournable" de la littérature contemporaine, dont la lecture est à poursuivre avec le second opus publié en 2008, "Un Monde sans fin".

 

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