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23 juillet 2013 2 23 /07 /juillet /2013 10:00

Meurtres-au-manoir.gifAvec son humour noir qui fait mouche, Willa Marsh compte parmi ces auteurs britanniques à la plume acérée dont la lecture est un délice. Avec Meurtres au manoir, Willa Marsh récidive dans cette veine que ses lecteurs aiment tant. Causticité, intrigue piquante et à suspens, personnages décalés mais miroirs de certaines parts de nous-mêmes, tous ces ingrédients sont au rendez-vous pour un cocktail plein de saveurs placé cette fois-ci sous le signe de l'étrange.

Tout d'abord, nous faisons connaissance avec Clarissa, une jeune londonienne, qui s'ennuie et ne rêve que de rencontrer celui qui fera d'elle une sorte de joyau social qu'envierait toutes ses amies. Car l'envie est au coeur de ce roman, que ce soit l'appétance pour les biens matériels, la réalisation des chimères les plus folles ou encore la faiblesse pour le sexe opposé. Ce portrait ainsi dressé pourrait nous faire redouter une bluette sentimentale avec une jeune godiche écervelée. Mais ce serait sans compter sur Willa Marsh ! Clarissa rencontre effectivement celui qui lui ouvrir les portes de son coeur mais surtout de son manoir, Thomas, jeune veuf quadragénaire, dont feu madame, perpétuellement malade, a rendu sa vie bien morne malgré sa douceur. Aussi lorsque la pétillante jeune femme apporte quelques couleurs à sa vie, il ne tarde pas à l'épouser.

Ce premier round ouvre le bal d'une lutte acharnée pour ce manoir, si attirant et pourtant si étrange. Mais peu importe pour Clarissa que celui-ci soit livré avec deux tantes, charmantes et délicieuses conspiratrices et une jeune fille prête à rentrer dans les ordres et dotée de pouvoirs ésotériques ...  Ambiance bucolique à la campagne ? Le boisé referme des secrets et des rites ancestraux ... Un petit manoir so british pour goûter à la douceur familiale ? Oh oui, d'ailleurs, c'est bien toute la famille, vifs ou morts, qui s'y retrouvent ... Autour de lui se révèlent les aspirations de chacun qui tente de mettre le grappin dessus ! Stratégies aux multiples plans, alliances et trahisons diverses, rites loufoques, mystèrieux breuvages, il devient le lieu d'un véritable échiquier vivant qui aurait pour devise "A manipulateur, manipulateur et demi". Véritable récit à suspense, Willa Marsh garde sa botte secrète bien au chaud, laissant le lecteur se demander pantois, qui pourra bien tirer son épingle de ce jeu de dupe ...

Aux frontières du polar et du fantastique, ce roman très rythmé, au style vif et alerte, vous embarquera pour une séance de lecture non-stop, je vous le recommande chaudement.

Meurtres au manoir.
Willa Marsh.
Editions Autrement. Collection "Littératures".
274 p. 19€. ISBN : 978-2-7467-3046-5

 A voir !

Le site de Willa Marsh
Le site des éditions Autrement 
La critique du Journal d'Amy Wingate

 

 

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17 août 2012 5 17 /08 /août /2012 22:24

2-7467-1449-6.jpgAmy Wingate, professeur de littérature à la retraite, bien sous tous rapports, décide d'écrire pour elle-même un journal, de décortiquer ainsi sa vie et ses idées. Très vite celui-ci revêt un piment particulier, le regard d'Amy pouvant être plein de tendresse ou acéré et piquant comme l'acide. Autour d'elle virevoltent deux couples de jeunes amis sur la sellette dont elle est la confidente, elle reconnue pour sa sagesse, l'aînée d'une dizaine d'années, forcément détachée de choses de l'amour la cinquantaine passée. Enfin tels sont les images et rôles que l'on lui attribue, insoupçonnant sa vie affective passée ou actuelle, elle-même retranchée dans son costume de vieille fille. 
Amy est cependant bien plus que ce qu'elle paraît, et son esprit intrépide est demeuré présente derrière le masque social et malgré les cahots de la vie. Le premier a en faire les frais sera un jeune punk, Gary, surpris à chaparder dans une épicerie proche de sa sacro-sainte vile côtière ... Et si celui-ci la poursuivait ? Drôle de présage après son heure de gloire, lors de laquelle elle poussa le jeune homme par-dessus la rembarde d'un pont ... Pourtant c'est bien lui qu'Amy recroisera au détour d'une visite amicale dans un hôpital ...

Ecriture caustique et acidulée pour cet écrivain anglais, Marcia willett qui écrit également sous le pseudonnyme de Willa Marsh. Un délice pour les amateurs de littérature anglaise et de ce fameux "wit" britannique !

Le Journal sacret d'Amy Wingate
Willa Marsh
Editions Autrement.
205 p. 17€. ISBN : 978-2-7467-1449-6
 A voir !

 

Son site

 

Le site des éditions Autrement 

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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 21:39

adam_Langer_voleurs.jpgAu Morningside Coffe, Ian bosse avce Faye Curry, jeune artiste peintre, aux jeans maculés de tâches colorés, gros godillots et tee-shirts de concert, et avec Joseph, acteur obèse courant de casting en casting sans succès. La vie coule son fleuve tranquille dans ce paysage de semi-loosers enthousiastes ... Car Ian aussi tâtonne pour trouver sa part de célébrité dans ce monde de brutes pour les artistes, à la fois serveur et écrivain de nouvelles, il lutte au quotidien pour faire reconnaître son talent, un brin laborieux, comparé à celui de son amie Anya, jeune Roumaine de Bucarest, qui ême écrire et évôquié  son déracinement et son pays bouleversé par Ceaucescu.

Forte de son talent, cette dernière est retenue pour participer au spectacle hebdomadaire "la Stimulation littérale", tremplin littéraire, sorte de scène ouverte aux auteurs prometteurs ayant passé par le feu des critères de Miri Lippman, responsable de la revue Stimulator, pépinière de talents stimulants ! Tout un programme, me direz-vous  ... Avec son accent à couper au couteau, mais dotée d'un joli minois et d'une tête bien faite lui permettant un art de la formule exquis, de véritables "hemingways" parfaites, Anya fait sensation. Dès lors soumise à la convoitise des éditeurs, Ian et elle se trouvent propulsés dans une soirée privée lors de laquelle il en sortira déconfit, l'orgueil blessé par Blade Markham, pseudo loubard R'n'B auteur d'un nouveau best-seller insipide, qui s'emparera de la belle Anya.

C'est au lendemain de ce jour de défaite, que l'Homme confiant choisit de réapparaître, se pavanant avec outrecuidance en lisant Blade par Blade, la coquille vide déguisée en autobiographie littéraire. Ce sera le soir de trop, Ian lui arrachera le livre des mains et lui balancera dans la rue aussi loin que possible. Fraîchement licencié, Ian recroisera l'Homme confiant plus tard dans la soirée ... Celui-ci pourrait lui ouvrir les portes qui jusque-là lui étaient fermées ...

Roman jouissif et époustouflant ! Les Voleurs de Manhattan vous en mettent plein les mirettes. Incisif et bien rythmé, il s'offre même quelques coquetteries littéraires savoureuses à souhait, en voyant leurs protagonistes arborés gogol sur le dos et capote sur la tête en se baladant un canino à la main et un large cheshire au visage ... Adam Langer se joue des mots et offre des beaux clins d'oeil à auteurs ou des oeuvres phares, un délice pour l'esprit ! Mettez vos franzens, prenez un faulkner ou fitzgerald et plongez dans les Voleurs de Manhattan, une apnée acérée dans le monde de l'édition version US, la ficton dépassant la réalité et vice et versa !

Les Voleurs de Manhattan.
Adam Langer.
Editions Gallmeister. Collection Americana.
253 pages. 22,90€. ISBN : 978-2-35178-050-3

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21 juin 2012 4 21 /06 /juin /2012 22:18

desaccords-imparfaits-jonathan-coe.jpgQuatre textes de Coe, rassemblés dans un recueil inédit, après une publication échelonnée entre 1995 et 2005.
Une commande spéciale de Gallimard, qui permet de redécouvrir ces textes, trois nouvelles et un article publié dans les Cahiers du Cinéma, montrant à quel point nos vies peuvent être sur le fil du rasoir, basculer d'un moment à un autre, par une parole donnée, un geste contenu. Le poids de nos actes manqués ont une résonnance étrange dans ces histoires, où le lecteur est interpellé, comme 9e et 13e. Enfance, âge adulte, les revers de la médaille n'attendent pas le nombre des années.

Un recueil émouvant remarquable d'introspection et de sensibilité. L'ensemble peut paraître parfois inégal ou décousu, mais la prose courte de Coe offre de véritables moments de jubilation malgré tout.

Une mention toute particulière pour la nouvelle "Journal d'une obsession", véritable hymne à la passion de Coe pour le réalisateur Billy Wilder.


Désaccords imparfaits.
Jonathan Coe.
Editions Gallimard.
99 pages. 8,90€. ISBN : 9782070133628

 A voir !

Le site de Jonathan Coe.

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14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 22:02

heritage.jpgAndy Larkham veut rendre hommage à son professeur Furniwall en se rendant à ses funérailles. Cet homme est le seul qui l'ai influencé dans sa jeunesse, et après n'avoir pu publier un manuscrit qu'il lui remit peu de temps avant son décès, Andy culpabilise quelque peu ...
Par un pluvieux hasard, il se trompe de chapelle, et assiste aux funérailles de Christopher Madigan. Lorsqu'il le comprend, il est bien trop tard pour rebrousser chemin ! Mais cette présence polie sera étrangement récompensée. En effet, le défunt a stipulé dans son testament que seules les personnes à la prière d'adieux, seront ses légataires ...
Ainsi Andy se retrouve propulsé comme héritier avec une vieille dame, certainement la gouvernante de Madigan. A la tête d'une soudaine fortune de 37 millions de dollars, la vie de ce jeune assistant éditorial désargenté des éditions Carpe Diem se retrouve bouleversée par cette fortune colossale. Ni une, ni deux, il mettra à profit le leitmotiv de sa maison d'édition ... à commencer par une démission !  Mais très vite vient le temps des interrogations ... Qui est cette jeune femme effacée et austère qui arriva si tard qu'elle ne peut accèder à cet héritage ? Pourquoi cet homme qui finit sa vie seul, imposa une clause aussi étrange ? D'où peut bien venir sa fortune ?

Derrière cette intrigue qui pourrait sembler légère, Nicholas Shakespeare, explore le thème de l'identité et des racines. L'argent fait-il le bonheur ? Il peut être un mauvais maître, faisant tournoyer les têtes, comme celle d'Andy momentanément, ou asservissant l'homme aux funestes projets. Etonnant, nous menant pas où nous pensions aller, Nicholas Shakespeare nous offre une épopée forte agréable des terres arméniennes à Londres, en passant par l'Australie. Un style fluide, une construction habile de l'intrigue combinés à un sens de l'observation certain concocte un délicieux roman. A vous de le lire désormais !

Héritage
Nicholas Shakespeare.
Editions Grasset.
432 pages. 20,90€. ISBN : ISBN : 978-2246772019

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27 octobre 2010 3 27 /10 /octobre /2010 21:24

ransome-copie-1.jpgAlan Bennett, auteur à la plume acerbe et au regard affûté, récidive dans cette satire sociale  so british. Après la Reine des lectrices (commenté précédemment ici), il nous livre un court récit aussi burlesque que profond. A quel point basculerait votre vie si vous étiez cambriolés ? Si vous êtiez totalement dépossédés du moindre de vos biens ? Pas victimes d'un simple cambriolage, non, non, dépouillés, dévalisés, délestés, détroussés, pillés, déplumés ...

Vous seriez certainement pris d'une angoisse aussi forte que celle des époux Ransome, qui rentrés de l'opéra, retrouvent leur appartement complétement nu. Plus un meuble, plus un bibelot, plus rien. Après des années d"accumulation d'objets patiemment récoltés et bichonnés, ce vide les renvoit à eux-mêmes et à leur couple. Que leur reste-t-il après la disparition de ces objets superfétatoires, ces précieux, qui les ont éloignés de l'essentiel : eux-mêmes ?

La vacuité de leur appartement va entraîner chez les Ransome un chamboulement personnel, une avalanche de questions ... tant matérielles, surtout matérielles que bien plus personnelles, qui vont révèler le fossé qui s'est creusé entre ces époux au fil des jours. Cet évènement sera une véritable bouffée d'air pour madame, tandis que monsieur, engoncés dans ses habitudes, semblera plus impertubable que d'ordinaire ...

La critique caustique passe au crible ces deux époux tenus par les conventions et le qu'en-pensera-t-on, qu'en-dira-t-il ... Si leur vie eut les apparences d'un long fleuve tranquille, ce drame est l'occasion de mettre à nu les fissures intimes de ce couple : dissemblance, masque social et petite lacheté quotidienne. Un petit bijou qui fait grincer les dents !

 

La mise à nu des époux Ransome.
Alan Bennett
Denoël.
158 pages. 12€. ISBN :978-2-207-10867-3

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2 juillet 2010 5 02 /07 /juillet /2010 21:50

reine.jpgEnfin un peu d'air sur nos étagères avec ce charmant roman, frais et léger, un tantinet subversif ! La Reine des lectrices est une petite pépite par son format (174 pages) qui donnera le sourire aux esprits chagrins et ravira les lecteurs compulsifs à la recherche de causticité. Figurez-vous la Reine d'Angleterre, Elisabeth II, sous l'emprise d'une addiction incontrôlable, d'une passion dérangeante ... et partagée ? Frappée par le "vice impuni", cette soif intarissable de lecture, elle s'affranchit de ses devoirs publics et bouscule dès lors les conventions et les parfaits rouages de la mécanique monarchique anglo-saxonne ... Oh my goodness ! Ce tableau imaginaire prend forme avec une balade on-ne-peut-plus irréaliste amenant la Reine à emprunter un livre au bibliobus, faisant sa tournée dans le quartier de Buckingham. Partageant cette nouvelle passion avec le bibliothècaire, elle se livre avec frénésie à la lecture, avec plus ou moins de discernement, puis un goût plus aiguisé et de fil en aiguille, le démon de l'écriture l'attrapera à son tour ...  Au-delà de cette jolie et sympathique irréverence à sa Majesté, Alan Bennett propose de délicieux moments de réflexion sur la lecture, comment celle-ci selon les mots de Paul Valéry, peut nous distraire et nous éloigner de nous, mais aussi augmenter notre puissance. 

Alan Bennett est auteur, dramaturge, comédien et se consacre également à l'écriture. La Reine des lectrices est son quatrième roman.

La Reine des lectrices.
Alan Bennett.
Denoël et d'ailleurs.
174 pages. 12€. ISBN : 978-2-207-26012-8

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31 août 2009 1 31 /08 /août /2009 19:55
Ce roman publié en 2001 dans la collection "Domaine étranger" de Gallimard a révélé en France, Zadie Smith, jeune femme de lettres de 26 ans alors. Désormais pilier de la littérature anglaise contemporaine, elle a connu ses premiers succès, avec cet opus un brin autobiographique, mais universel, Sourires de loup, dans lequel elle offre avec la précision d'un taxidermiste et beaucoup de tendresse pour ses habitants, la vision d'un Londres métissé et mouvant, à travers trois générations de trois familles dont le destin est inextricablement lié.


Nous faisons connaissance dans un premier temps avec Archibald Jones lors d'une scène de suicide raté tragicomique, occasion de 'planter le décor" et le portrait de cet ancien soldat britannique un tantinet poltron. Au cours de ses services d'armes, il rencontra un jeune Bengali Samad Iqbal, dont la loyauté au pays et le sens de l'honneur, aurait pu faire de lui un grand capitaine, si ce n'était une main paralysée. Rien ne les destinait à nouer une inextinguible amitié, jusqu'à la panne de leur char, et un secret qui les liera à vie.
Alors bien décidé à s'accrocher à cette nouvelle chance, qui est son sauvetage in extremis Archibald rencontre celle qui sera sa deuxième épouse, Clara Bowden, jeune Jamaïcaine issue d'une famille de Témoin de Jéhovah.
Samad est, quant à lui, devenu serveur dans un restaurant indien et a épousé une jeune femme bengali, Alsana.
Ces deux couples soudés par l'amitié des hommes évoluent ensemble, partagent les bonheurs familiaux ainsi que leurs tourmentes. Samad voit ses deux fils prendre des chemins résolument différents, coupant avec l'héritage traditionnel qu'il souhaiterait leur transmettre ... Mais il n'a pas dit son dernier mot et enverra son fils préféré, Magid parfaire son éducation au pays, nourrissant de grands espoirs, tandis que son jumeau Millat, connaîtra les "perversions" de son pays natal avant de devenir un membre actif d'un groupuscule fondamentaliste, aux initiales formant un grotesque K.E.V.I.N. Tous les deux se retrouveront autour d'une famille d'intellectuels excentriques, les Chalfen.


Trois familles, trois générations se croisent et métissent un Londres plus que jamais cosmopolite, où tout semble permis, de l'extrême pauvreté à l'aisance, de l'intégration qui efface tout signe distinctif et identitaire au fondamentalisme le plus prosélyte. Ce chassé-croisé de portraits créé un véritable tableau pointilliste, dont l'oralité lui donne un style rondement mené, amplifié par une écriture enlevée, mordante et pleine d'esprit, offrant de nombreux passages humoristiques, ce qui fait de ce pavé de de plus de 500 pages, un agréable voyage de 1945 à 1990. Ce récit soulève de véritables questions sur la construction de soi, l'identité et l'héritage culturel, chacun y recueillera des perles, qu'il soit ou non un migrant.


Extrait :

"[...]. Plus je vais et plus j'ai l'impression qu'on fait un pacte avec le diable quand on débarque dans ce pays. On tend son passeport au contrôle, on obtient un tampon, on essaie de gagner un peu d'argent, de démarrer... mais on n'a bientôt plus qu'une idée en tête : retourner au pays. Qui voudrait rester ? Il fait froid et humide ; la nourriture est immonde, les journaux épouvantables - qui voudrait rester, je te le demande ? Dans un pays, où on passe son temps à vous faire sentir que vous êtes de trop, que votre présence n'est que tolérée. Simplement tolérée. Que vous n'êtes qu'un animal qu'on a fini par domestiquer. Il faudrait être fou pour rester ! Seulement voilà, il y a ce pacte avec le diable... qui vous entraîne toujours plus loin, toujours plus bas, et qui fait d'un beau jour on n'est plus apte à rentrer, que vos enfants sont méconnaissables, qu'on appartient plus à nulle part."


Sourires de loup
Zadie Smith
Editions Gallimard. Collection "Domaine étranger".
530 pages. 22.85€. ISBN :
2-07-075806-0


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24 novembre 2008 1 24 /11 /novembre /2008 22:07

de Roy Lewis

Dans cette nouvelle nous retrouvons la verve so british de Roy Lewis, l'auteur illustre de Pourquoi j'ai mangé mon père, qui imagine ici la rencontre de deux figures marquantes de leur époque : celle de William Gladstone, quatre fois premier ministre et chancelier de l'Echiquier, deux des plus hautes charges du gouvernement britannique - et ce sous le règne de la Reine Victoria - , avec Cora Pearl, surnommée la "Grande Horizontale", "demi-mondaine" emblèmatique du Second Empire, maîtresse de nombreux hommes de pouvoir issu de la politique ou du monde économique, et peut-être même, de Napoléon III.

Gladstone est loin d'être un personnage anodin par sa charge, mais également par son implication dans la vie publique, puisque ce dernier mène plusieurs oeuvres de bienfaisance en faveur des prostituées. Alors que la Commune gronde à Paris, et que sa présence n'y est plus désirée, Cora Pearl retrouve sa ville natale, Londres, où  elle rencontra alors William Gladstone. Ici commence le travail de Lewis, qui imagine une conversation entre ces deux personnes de pouvoir, l'un sur le devant de la scène, la seconde oeuvrant en coulisses.

Mr Gladstone et la demi-mondaine peut laisser pantois. En effet, il est très différent de ce qu'a déjà pu écrire Roy Lewis (et c'est tant mieux ! Rien de plus triste qu'un auteur sans imagination), mais c'est surtout sa forme qui désarçonne : entre roman de moeurs et dramaturgie. Sans obéir complétement aux règles du théâtre classique (sauf si l'on considère Londres comme seul lieu d'action), il est profondément marqué par la catharsis, cette purgation des passions. Pour Gladstone, il s'agit de lutter contre "sa soif" des femmes qu'il tente de combattre en aidant les prostituées à quitter leur chemin de tristesse, alors que Cora Pearl fait le choix de rester une femme objet, mais une femme indépendante au milieu des puissants, une femme politique, dût-elle renoncer à l'amour. Roy Lewis livre ici une peinture comparée de la France et de l'Angleterre de la fin du XIXe siècle, et une étude détaillée de la soif de la puissance et du pouvoir fort complète.

 

Mr Gladstone et la demi-mondaine.
de Roy Lewis
Editions Actes Sud. Collection "Lettres anglo-américaines".
70 pages. 10,37€. ISBN : 2-86869-953-7

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26 mars 2008 3 26 /03 /mars /2008 15:17
AYearInTheMerde.jpgde Stephen Clarke

Ou les galères d'un expat à Paris.
Paul West, malgré les bons conseils d'un ami, décide de travailler en France. Recruté dans une entreprise de viande, VianDiffusion, celui-ci doit développer une chaîne de salons de thé (of course !). Rien de bien difficile ... Et pourtant à peine arrivé, Paul doit s'adapter très vite : l'année commence en septembre et non en janvier, oui les collègues se font la bise (entre femmes, femmes et hommes mais attention pas entre hommes), un directeur peut dire "tu" alors que son employé lui dira "vous", et oui, Paris est la ville des chiens tenant tête aux autres capitales avec ses 650 accidents annuels dans les rues aux trottoirs minés ... Parachuté au milieu qu'une équipe bredouillant à qui mieux-mieux anglais, Paul doit se livrer à de quotidiennes séances de décryptage de nos us et coutumes. Totalement immergé dans le monde du travail, il se retrouve confronté à des méthodes de management fortement différentes du modèle anglo-saxon :  dur dur de s'acclimater quand en effet une réunion = une décision en Angleterre, alors que notre chère contrée semble rongée par la réunionite aïgue... 

Goups ... Voilà un titre et une couverture qui ne laissent pas indifférents ... Mais il serait dommage de passer à côté de ce livre et de le rejeter d'un bloc pour cette seule et unique raison. A Year In The Merde dresse un portrait un brin caustique mais surtout humoristique de notre cher pays et de sa capitale: nos jolis défauts et nos problèmes franço-français y sont dépeints sous un oeil interloqué mais affectueux. Jubilatoire.
Pour les non-anglophones et tous ceux que la lecture en V.O rebutent (1) le roman a été traduit en français "God save la France" ...

Mes morceaux choisis :

Où un ami bienveillant l'alerte sur ce vers quoi il s'engage :
"My good friend Chris told me not to come to France. Great lifestyle, he said, great food and totally unpolitically correct women with great underwear. But, he warned me, the French are hell to live with.[...]
His theory was that the French are like the woman scorned. Back in 1940 they tried to tell us they loved us, but we laughed at their accents and their big-nosed Général de Gaulle, and ever since we've done nothing but poison them with our disgusting food and try to wipe the French language off the face of the Earth. That's why they built refugee camps yards from the Eurotunnel entrance and refuse to eat our beef years after it was declared safe. It's permanent payback time, he said. Don't go there.
Sorry, I told him, I've got to go and check out that underwear."

Où Paul West découvre les joies de la grève ... à la française :
"The Paris transport workers went on strike.
And what was this strike about ? Job cuts ? Safety standards ? No.
The unions were furious that the government had been rumoured to be thinking about considering the possibility of maybe looking into the purely theoretical concept that it might one day (not now but in, say, 80 years' time) be less able to pay for transport workers to retire at 50.
Wow, I told myself, let's go to the transport company HQ this very instant to get a job application form.
Dammit, though, I couldn't get there - there was a transport strike."

Où il est important de distinguer Casino et casino ... Eh oui à l'oreille la différence ne s'entend pas et pourtant dans l'assiette !
" Instead of heading all the way back into Trou, we stopped off at Monsieur Augème's house and I dashed through the rain with a map to ask him whether there was a country auberge nearby. [...]He wasn't too sure about auberges, but finally prodded at a town a few kilometres west and said that we could get a meal at the casino there.[...] "What did he suggest ?" Alexa asked when I got back in the car and began dripping all over her. "You'll see. It'll be a surprise." It was there, I think, that I learned my lesson about the nature of mixed-race male-female relations in a post-feminist world. It was this : don't promise anything as a surprise unless you yourself are 100% sure that the surprise will be pleasant. [...] Alexa would have known that we were almost certainly not headed for a casino. We were headed for a Casino. That is, a branch of supermarket chain called Casino, which, in its larger stores, often has a cafeteria."

(1) Dommage!  vous raterez le fameux British sense of humour tellement croustillant in English ... I'm fond of it !


A voir !
Site officiel de Stephen Clarke : http://www.stephenclarkewriter.com




A Year In The Merde
Stephen Clarke
Black Swan
382 pages. 10.10€. ISBN : 0-552-15307-9

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