Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 09:39

9782246748212FS.gifPremière des nouvelles inédites de Zweig publiées chez Grasset en 2008 et 2009, ce récit nous emporte au coeur du désir et de la passion inassouvie ... le recette de l'amour perpétuel ? Pas si sûr ...

Louis a gravi l'échelle sociale à la force de son caractère, sa persévérance et un esprit bien tourné qui fait de lui un allié fiable et précieux pour son patron, un riche industriel dont l'empire ne cesse de s'étendre. Ce dernier, tombant malade, souhaite faire de Louis, son assistant, ce qui impliquerait une proximité étroite, conduisant Louis à vivre chez son bienfaiteur. 

Ne pouvant refuser cette offre, Louis est contraint de mettre son orgueil de côté, s'étant juré de ne jamais dépendre de quiconque après avoir officié comme précepteur au sein de riches familles après une enfance dans la pauvreté absolue. 

Ainsi se passent deux années, deux années au cours desquelles il savoure la présence douce et rassurante de la femme du Conseiller, jusqu'à l'annonce solennelle de ce dernier : il est impératif de développer les affaires au Mexique, pour une telle mission, il se doit de faire appel à son fidèle assistant, son meilleur élément : Louis.

Passée la joie liée à une on-ne-peut-honorable proposition, Louis se sent défaillir ... ainsi il ne verra plus sa bien-aimée. La nouvelle de son départ dévoile les sentiments et rapprochent les coeurs. Pourront-ils s'attendre encore deux années, date à laquelle la mission prendra fin ? Louis part au Mexique, ne pensant qu'à son retour ... la Première Guerre mondiale se déclare. Les Anglais contrôlant les océans, il ne peut retourner chez lui. Son retour n'aura lieu que 9 années plus tard ...

Zweig nous dévoile le récit de ce retour en multipliant les allers-retours dans le passé, dressant ainsi un portrait complet de ces amoureux d'antan et de maintenant, qui ont changé, évolué mais sont restés les mêmes au fond d'eux. Il joue magnifiquement sur l'ambivalence de la continuité dans le changement, apportant ainsi toute sa tension tragique à la nouvelle ... car bien plus que la distance, c'est le temps qui aura peut-etre raison des amants, qui n'ont pu évolué ensemble. Sue faire alors d'un rêve qu'on ne peut abandonner : poursuivre ou laisser aller ? Ces sentiments mêlés et inextricables trouvent une limpidité déconcertante sous la plume de Zweig.

 

 

A voir !

Un site complet sur Stefan Zweig

 

Le Voyage dans le passé
Stefan Zweig. Traduction de Baptiste Touverey
Editions Grasset. Edition billingue.
172 pages. 11€. ISBN : 978-2-246-74821-2 

Partager cet article
Repost0
23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 15:45

soupcon-legitime.jpgLimpley est un homme étonnant et charmant à prime abord. Enthousiaste et virevoltant, il est capable de faire fi des codes de la bonne société dans laquelle il évolue pour saluer sans coup férir ses nouveaux voisins, un couple de retraités ayant craqué quelques années de cela pour un coin de paradis dans la campagne anglaise, près de Bath.


C'est donc sans surprise qu'ils voient se construire la nouvelle propriété d'un jeune couple, qui sera d'abord     occupée par la jeune épouse, une femme délicate et discrète. Des liens de voisinage se créent et se renforcent avec l'arrivée de Limpley. Bientôt, les deux couples se rapprochent et se découvrent. Limpley est débordant d'énergie, vit sans réserve et s'enthousiasme sans restriction. Follement amoureux, il porte aux nues sa femme et concentre toute son attention sur celle-ci, et cela sans relâche.

Cette énergie et ce manque de retenue ne sont pas sans épuiser ses proches, qui après s'être réjouis de cette bonhommie naturelle en pâtissent ... Compatissant pour ce couple sans enfants, ces retraités vont offrir à Limpley un chien pour accompagner Madame ... Or c'est Monsieur Limpley qui tombe sous le charme du chiot. Comme tant de fois auparavant, son enthousiasme sans frein le poussera à tout donner à l'animal, qui dès lors prend le pouvoir sur son maître, intervertissant dès lors les rôles ... jusqu'au jour ce qui semblait si bien se dérouler pour le chien Pinto, prendra une tournure inattendue et fatidique.

Les habitués du blog savent combien j'apprécie et savoure la plume alerte et vivace de Stefan Zweig ... Je ne pouvais donc résister à la tentation en croisant cette édition bilingue à la couverture orné d'un beau bébé joufflu dans son berceau (argument ultime !)

Et comme d'accoutumée avec Zweig, l'on ne s'ennuie guère, haletant de page en page, captivé soit par un portrait magistral, une ambiance exquise ou oppressante, un instant qui passe et change tout ... De très belles pages sont dédiées au portrait du maître, et de ce chien, tyrannique et calculateur. Limpley est un homme hors du commun, mais un homme qui aime mal, étouffe et aliène son entourage, il en sera la première victime.

Cette courte nouvelle angoissante est petit bijou qui permettra aux non-initiés de découvrir sa finesse psychologique, son sens de la mise en abyme ainsi que sa plume incomparable, et aux autres de savourer cette oeuvre inédite.

 

Le plus de cette édition de belle facture ? Il est également possible de lire la nouvelle en version originale ...

 

Un soupçon légitime.
Stefan Zweig. Traducteur : Baptiste Touverey
Editions Grasset. 
139 pages. 10€. ISBN:978-2-246-75611-8 


A voir !

Un premier chapitre sur le site des éditions Grasset

Partager cet article
Repost0
29 novembre 2009 7 29 /11 /novembre /2009 19:00

de Stefan Zweig

Un écrivain reçoit la longue missive d'une "inconnue", une femme qu'il a pourtant connu et rencontré plusieurs fois et ce sans s'en souvenir. Et pourtant, de cette femme, il a eu un enfant. Cet enfant est désormais décédé, ce qui la pousse à une longue confession épistolaire, pour qu'il se souvienne enfin d'elle, et comprenne pourquoi à chaque anniversaire il reçoit des roses blanches ...
Ce récit hautement romantique de Zweig tient en haleine en raison du caractère paradoxale de cette femme, qui a su s'effacer et vivre un amour à sens unique dans l'ombre, tout en persévèrant dans cette voie. Comment est-il possible pour elle de vivre ainsi ? Quelle vie ou non-vie s'est-elle choisi en demeurant fidèle à cet amour pendant près de 15, de son adolescence à la mort de cet enfant qui signera son propre arrêt de mort n'ayant plus de raison de vivre ?
Ici Zweig dépeint une passion absolue et irraisonnée, tout en excès et en abnégation, qui laissera certains de marbre, d'autres pantois, certains curieux, d'autres absolument convaincus. Ce texte demeure toutefois de toute beauté et fidèle à la plume concise et envoûtante de Zweig. Pour ma part, Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme et La Pitié dangereuse restent mes préférés.


Lettre d'une inconnue

Stefan Zweig
Stock. Collection "La Cosmopolite"
105 pages. 10€. ISBN :
978-2-234-06311-2

A voir !
l'adaptation cinématographique très libre qui en a été réalisé en 1948 par Max Ophüls
Un site consacré à ce talentueux auteur allemand, feu Stefan Zweig

Related Posts with Thumbnails


Vous avez lu ce livre ? Notez-le ! Related Posts with Thumbnails Rendez-vous sur Hellocoton !

Partager cet article
Repost0
7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 22:42

Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme, de Stefan Zweigde Stefan Zweig.
 

«Ceux qui tombent entraînent souvent dans leur chute ceux qui se portent à leur secours.»

Sous le ton de la confession, une vieille dame respectable livre ses souvenirs à un jeune homme.


En villégiature dans une maison de vacances sur la Riviera, ils sont tous deux, comme l'ensemble des pensionnaire sous le choc du départ impromptu de Madame Henriette, qui décidat de suivre son coeur plutôt que son rang. Faisant fi de son statut de femme mariée, celle-ci cède aux sirènes de la nouveauté et suit son nouvel amant. Villipendée et décriée, cette femme sans moralité réveille chez  Mrs C. de douloureux souvenirs ... au grand étonnement du narrateur.

 

Cette étonnante Mrs C., qui garde l'anonymat, évoque ses premières années de veuvage, à 42 ans, lorsque face au décès de son mari, elle se résigne peu à peu à vivre une existence tranquille dédiée à l'éducation et aux soins de ses enfants. Ces derniers partis, face à elle-même, mais surtout face à ce vide laissé par la disparition de son mari, elle se laisse entraîner dans les tourbillons de la vie extérieure, au théâtre, en concert et au casino ... Plaisirs fugaces de la vie en société qui marqueront un tournant dans sa vie de femme, qui se concentreront en vingt-quatre heures. Vingt-quatre heures d'une douce folie dont le venin se distillera des années encore après. 
Fascinée par les joueurs, elle peut passer des heures, hypnotisée par leurs mains, à suivre les aléas du hasard. Jusqu'à la rencontre avec un jeune homme, dont le magnétisme et la ferveur, la trouble profondément, au point que cette tocade, l'emmèn bien plus loin qu'elle le soupçonnait dans la douleur.


Ayant une nouvelle raison de vivre, elle s'investit d'une mission : sauver ce jeune homme de son infortune, pécuniaire et morale. Mais dans cette démarche salvifique, elle se leurre.
 


" Jamais encore, je n’avais vu un visage dans lequel la passion du jeu jaillissait si bestiale dans sa nudité effrontée.... J’étais fascinée par ce visage qui, soudain, devint morne et éteint tandis que la boule se fixait sur un numéro : cet homme venait de tout perdre !....Il s’élança hors du Casino. Instinctivement, je le suivis… Commencèrent alors 24 heures qui allaient bouleverser mon destin ! "

 

Sous un titre qui peut sembler peu alléchant pour les lecteurs redoudant un simple roman sentimental se cache un court roman centré sur l'addiction : addiction au jeu, addiction au service rendu à l'autre ...  L'étude psychologique du jeune joueur invétéré réserve de belles descriptions de la frénésie, l'angoisse, la joie et le désespoir, de la gloire et à la richesse, à l'oubli et la pauvreté ... Intime de Freud, le travail de celui-ci lui a certainement inspiré ou apporté de nombreuses clés pour la rédaction de cette confession, aux allures d'analyse. Le tour de force de Zweig est de faire passer toutes ces émotions à travers le corps même de son protagoniste : ces mains auxquelles nous sommes suspendus, sont le meilleur vecteur de son état d'esprit.


"Malgré moi je pensais à chaque fois à un champ de courses, où au moment du départ, les chevaux excités sont contenus avec peine, pour qu'ils ne s'élancent pas avant l'heure fixée : c'est exactement de la même manière que les mains de joueurs frémissent, se soulèvent, et se cabrent. Elles révèlet, par leur façon d'attendre, de saisir et de s'arrêter, l'individualité du joueur : griffues, elles dénoncent l'homme cupide ; lâches, le prodigue ; calmes, le calculateu et, tremblantes, l'homme désespéré. Cent caractères se trahisent ainis, avec la rapidité de l'éclair, dans le geste que l'on fait pour prendre l'argent, soit que l'un le froisse, soit que l'autre nerveusement l'éparpille, soit qu'épuisé un joueur, fermant sa main lasse, le laisser rouler librement sur le tapis. [...] Je ne puis pas vous indiquer en détail, combien, pendant le jeu, il y a des milliers d'attitudes dans les mains, les unes bêtes sauvages aux doigts poilus et crochus qui agrippent l'argent à la façon d'une araignée, les autres nerveuses, tremblantes, aux ongles pâles, osant à peine le toucher, nobles et viles, brutales et timides, astucieuses et, pour ainsi dire, balbutiantes ; mais chacune a sa manière d'être particulière, car chacune de ces paires de mains exprime une vie différente, à l'exception de celles des croupiers, au nobre de quatre ou cinq."

 

Résumé de l'éditeur :

Au début du siècle, une petite pension sur la Côte d'Azur, ou plutôt sur la Riviera, comme on disait alors.
Grand émoi chez les clients de l'établissement : la femme d'un des pensionnaires, Mme Henriette, est partie avec un jeune homme qui pourtant n'avait passé là qu'une journée. Seul le narrateur prend la défense de cette créature sans moralité. Et il ne trouvera comme alliée qu'une vieille dame anglaise, sèche et distinguée. C'est elle qui, au cours d'une longue conversation, lui expliquera quels feux mal éteints cette aventure a ranimés chez elle.

Partager cet article
Repost0

Prenez votre temps et lisez

Où Est-Ce ?

Le nez dedans

Participez !

Redécouvrez-Les ...

  • Changement de plateforme !
    Désormais vous retrouverez mes chroniques sur le site http://www.lire-ecouter-voir.com Au plaisir de vous y retrouver :)
  • Les Prizzi, de Richard Condon
    En octobre dernier est paru le premier tome de la série policière consacré aux "Prizzi", une famille mafieuse issue de l'imagination de feu Richard Condon. Car s'il s'agit d'une première parution en France, le satiriste mit au monde ces drôles de mafieux...
  • Yacouba, Kibwé, Yacoubwé de Dedieu
    Finalement entre deux révisions et la préparation du second semestre, il m'est plus dur que prévu de reprendre le rythme désiré, cependant je garde toujours un oeil sur la littérature de jeunesse, et espère vous proposer quelques titres de littérature...
  • Splat, agent secret
    Les amoureux de Splat, le chat duveteux et pelucheux seront ravis de le retrouver en agent secret ! Collectionneur de canards fabriqués par son papa, il s'aperçoit un jour que l'un d'entre eux a disparu. Ceci est d'autant plus étrange que le lendemain,...
  • Le cirque des illusions
    Bienvenue dans ce drôle de cirque où l'oeil est dupé par de malicieux trompe-l'oeil ! Conçu comme un spectacle par Etsuko Watanabe, il nous présenté par un Monsieur Loyal que nous retrouvons tout au long des pages ! Suivez Monsieur Papadon, il vous entrainera...

Juke-Box

Découvrez la playlist Blog avec Simon & Garfunkel


Découvrez la Radio Jazz vocal

Suivez le blog !

A propos ...

Droits d'auteur

Creative Commons License






J'y suis référencée


Je participe
Revue In-Fusion
Culturopoing



Je soutiens ces programmes.

Nethique.info