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30 septembre 2013 1 30 /09 /septembre /2013 22:11

9782226249685g.jpgUne rentrée littéraire sans Amélie Nothomb, cela fait 21 ans que nous n'avons pas connu cela. Alors, il était certain qu'il fallait compter sur l'excentrique romancière belge pour être de la partie. Après un Barbe bleue revisité l'année dernière, elle nous offre un opus intime, entre le récit de vie et de voyage. A l'occasion de sa vingtième année en littérature en 2012, l'émission Empreintes réalise un documentaire sur Amélie. L'objectif ? Un voyage unique et spécial, aux sources même de son être : le Japon. 

Ce retour en cette terre chérie, seize années après son expérience tokyote relatée dans Stupeurs et tremblements, est le déclencheur de souvenirs et de confidences. Sans fard, ni masques, Amélie Nothomb, nous livre les secrets de ce voyage, ce qu'elle ressentit derrière l'oeil de la caméra, tout ce qui ne peut transparaître à l'objectif, ni à l'oeil nu : la mélodie du bonheur insufflée par cette "nostalgie heureuse". Certains seront désappointés par ce lancinant rythme du souvenir, déstabilisés par cette non-fiction, mais la verve de l'auteur aux formules toujours aussi savoureuses, sera d'autant plus appréciée par ceux qui auront vu ce reportage, dans lequel elle apparaît aussi fragile et fluette que sur la couverture du livre. Un opus à ne pas réserver uniquement aux fans, et qui permettra aux autres et mêmes aux "antis" de découvrir une autre facette de ce médiatique écrivain.

La Nostalgie heureuse
Amélie Nothomb
Editions Albin Michel
162 pages. 16,50€. ISBN : 9782226249685

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7 septembre 2013 6 07 /09 /septembre /2013 17:02

9782330022600-161x300.jpgCe roman est lumineux. Obsédant aussi. Sans sombrer dans le pathos ou le glauque, Valentine Goby nous emporte à Ravensbrück avec Mila, une jeune déportée politique, dans les entrailles de la vie et de la mort. 
La particularité de Mila ? Elle est enceinte. Oui, enceinte. Mais poursuivez votre lecture, car si dans ce roman "à sujet", la guerre est bien présente, la vie est toujours là, même dans ces camps de la mort. Ces camps qui ont tant aboli l'image de l'humanité au point même que cette idée de la vie à venir en ce lieu est étrangère et exclue de notre univers mental, alors qu'elle est bien plus qu'une idée mais une réalité si inconfortable et douloureuse pour nous, presque dérangeante, au-delà de ce que l'on peut entendre. Il nous faut alors comprendre l'indicible, le quotidien de ces femmes enceintes, car il y en a eu, pour qui l'issue fut  fatale le plus souvent, survivre étant un exploit quotidien et le rééditer chaque jour pour deux tenant du miracle.
Tout d'abord, il s'agit pour Mila d'oublier cette grossesse et cet enfant qui semble condamné d'avance, pourquoi dès lors y penser et risquer de s'y attacher ? Comment comprendre ce qui se passe dans ce corps lorsque l'on est orpheline de mère et que personne ne vous a appris, ce qui se passe au coeur de ce ventre ? Que peut bien avoir à offrir à un foetus ce corps maltraité et dénutri ? Le risque même de cette grossesse pourrait condamner Mila, personne ne doit savoir. Ainsi se concentrer sur chaque jour, chaque geste. Ne pas penser, ne pas se projeter. Se tenir à l'écart, rester avec sa tendre cousine Lysette, s'abandonner à la confiance avec cette jeune polonaise qui prend la place de la défunte dans la couche.
Et lorsque le secret est révélé, découvrir que une solidarité entre femme bien réelle, une chaleur humaine indicible de la part de ces femmes meurtries, certaines mères, qui trouvent en cet enfant à venir une raison de vivre. C'est donc des chants partagés à Noël, des poèmes d'enfance récités aux camarades, le souffle d'une autre pour se réchauffer, l'exhorte à se sa laver et garder sa dignité, la charbon volé pour soigner l'autre. C'est prendre le risque d'un fol espoir aussi, lorsque l'on découvre que les femmes enceintes ne sont plus systèmatiquement supprimées tout comme les nourrissons, et qu'il existe au sein de ce camp une kinderzimmer, une chambre pour les nourrissons. La vie peut naître, mais elle devra compter sur ses propres ressources et sur ce que ces camps n'auront pas réussi à abolir le choix libre de se battre et de s'entr'aider, élargissant les liens de la filiation, la maternité étendue à la protection solidaire et communautaire du petit humain.

Suite à le rencontre d'un de ces rares enfants survivants nés dans un camp, Valentine Goby découvre et se  s'inspire de l'histoire de la résistante Marie-José Chombart de Lauwe, qui fut puéricultrice dans ce camp, pour nous plonger au coeur de cette chambre pour enfants. Cette déportée politique fut une des 7 000 victimes du décret "Nuit et Brouillard", dans lequel Hitler autorisait la arrestation et déportation pour acte de résistance sans que les parents des déportés puissent savoir où les victimes seraient envoyées. Ces mêmes victime ne savaient pas ce qui pouvait les attendre dans ces camps : élimination, travail à la chaine, cobayes. Etudiante en médecine, Marie-José est affectée au bloc 11, la "nurserie", où l'expérience de vie de ces nourrissons ne dépassait guère les trois mois, malgré la solidarité, y compris du personnel allemand.

Valentine Goby réussit à faire incarner à Mila  cette dualité extrême entre la vie et la mort, son combat quotidien pour survivre. Son écriture magistrale, nous entraîne avec rythme dans cette histoire que nous pensons ne connaître que trop bien et pourtant derrière la voix de Mila, c'est la voix de ces femmes que nous pouvons entendre, leur solidarité, leur bravoure mais aussi leur découragement et leur fol espoir aussi de voir cet enfer cesser. Nous sommes plongés dans ce quotidien, au milieu de ces femmes héroïques, l'une qui cherche à garder sa fierté, l'autre qui ne veut céder à cette gueule béante prête à l'engloutir, ce camp qui dévore les identités et l'humanité. Il s'agit au coeur de ces pages poignantes de découvrir un incommensurable instinct de survie, plus fort que l'ennemi et l'enfermement, où il faut tenir, encore et toujours, car "tu perds seulement quand tu abandonnes".

"ce que dit, surtout, la joie encore possible devant l'éclat du soleil dans les congères, sur les pourtours de la Lagerplatz, à l'Appell du matin, un éclair de cristal qui ne t'indiffére pas tout à fait, ce que ça dit, que tu le voies, que ça mouille tes paupières, qu'une seconde ça conjure le reste, une demi-seconde, que tu aies accès à la beauté, ce que ça dit, tout cela, c'est que même à Ravensbrück, l'Allemagne n'a pas gagné, n'aura jamais gagné complètement"

Kinderzimmer
Valentine Goby.
Actes Sud.
224 pages. 20€. ISBN : 978-2-330-02260-0

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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 13:50

9782330014285-copie-1.jpgOctave Lassalle, nonagénaire, ancien chirurgien émérite et érudit, vit en solitaire depuis la mort de sa fille et le départ de sa femme. Hanté par le choix qu'il fit quelques années plus tôt de ne pas opérer sa propre fille, il cherche la "forme juste" de son doute face au mystère de la vie.

Loin des religions, profane comme il l'entend au sens étymologique, il est celui qui se dresse face au temple et se questionne. Dans cette quête qui nécessite le frottement avec autrui, l'acception d'être altéré par autrui, il choisit, suivant des critères très précis, quatre personnes dont la mission sera de l'entourer au quotidien et de réaliser certaines missions : quatre âmes également trébuchantes en quête ou blessées. Il y a Marc, cet homme qui ne porta pas de croix, mais une femme sur son dos qu'il ne put sauver ; Hélène, peintre qui devra réaliser un portrait inspiré de ceux du Fayoum pour Claire, la fille décédée ; Yolande, une femme blessée qui accueille sous son aile une jeune fille-mère, et enfin Béatrice, jeune femme en recherche de. son individualité, elle qui grandit dans l'obre d'un frère aîné disparu.


Jeanne Benameur ouvre de belle manière cette nouvelle année éditoriale ! Ce cru de la rentrée de janvier est lumineux. Lumineux tant pas la profondeur de l'intrigue, l'écriture fine et subtilement rythmée par des phrases courtes mais percutantes et d'une belle intensité, livrant par différentes esquisses un portrait touchant de ces cinq humanités en but avec ce questionnement universel du sens de la vie, de la foi et de la confiance. 

La littérature est faite pour poser des questions, et non livrer des réponses, bousculer la pensée, la nourrir, affiner la réflexion. Il est rare de trouver tout cela en un ouvrage et c'est le cadeau que nous fait ici Jeanne Benameur qui aborde avec luminosité et espoir la fin de de vie de cet homme. Un de ces livres fondateurs qui peut vous accompagner toute une vie.

Profanes
Jeanne Benameur
Editions Actes Sud.
208 p. 20€. ISBN :  978-2-330-01428-5 

A voir !

Le site des éditions Actes Sud

 

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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 22:24

Marc-Dugain-Avenue-des-Geants1.jpgGéant est un qualificatif incontournable. 2,20m, 120 kg, Al Kenner  a un physique gargantuesque.  Et ses capacités intellectuelles sont tout aussi gigantesques. Il possède une hypermnèsie et son QI dépasserait celui d'Einstein. Pas évident de bien vivre avec cela surtout quand on a quinze ans. Mais le mal-être profond d'Al ne s'expliquerait-il pas plutôt par la hargne de sa mère à son égard, contre ce fils qui est une "fausse couche" réussie ? Cette étrange "chambre" installée dans la chaudière, celle-là même dans laquelle Al brûlera un des chat de concours de sa mère. Mais Al fera pire, beaucoup pire.
Il va sans doute que le divorce de ses parents à l'âge de 13 ans n'arrangea pas une relation mère-fils plus que malsaine.
Envoyé chez son père à l'âge tendre, il met mal à l'aise sa belle-mère. Ne pouvant le garder pour cette raison auprès de lui, son père le renvoit chez ses grands-parents. Un profond sentiment de perte et d'abandon s'empare du jeune garçon, qui ayant tout le loisir d'observer et de décortiquer le comportement de sa grand-mère, comprend mieux le choix de son père en épousant une femme tout aussi castatrice.  Ainsi donc sa grand-mère se situe à l'origine du mal. Ainsi donc une lente mécanique qui couvait depuis des années se met en place. Cela commencera par le meurtre de sang froid de ses grands-parents à 15 ans, d'abord la grand-mère puis le grand-père qu'il pense incapable de s'en sortir seul. Un sentiment de pitié ? Une vague émotion ? Non, un raisonnement froid et implacable, purement intellectuel. Ce double meurtre marque le début d'une "carrière" de tueur en série qui ne finira qu'avec l'ultime meurtre de sa mère ...

Marc Dugain s'attaque à un mythe en décortiquant le chemin suivi par Ed Kemper dont Al Kenner est l'incarnation littéraire.  Sous sa plume à la description méthodique, sans sympathie ou antipathie aucune, la personnalité complexe et trouble d'Ed Kemper refait surface, faisant naviguer le lecteur entre horreur et attendrissement pour ce gamin cassé par sa famille. Sans sombrer dans le voyeurisme et le glauque, avec la juste distance tel un chroniqueur, il donne la voix à celui qui permit paradoxalement à mieux comprendre le fonctionnement des serial killers. La justesse mais aussi l'économie des mots dans les moments forts sont le tour de force de ce roman percutant.

Avenue des géants.
Marc Dugain.
Editions Gallimard.
360 p. 21,50€. ISBN :978-2-07-013235-5

 A voir !

Un entretien avec Marc Dugain sur le site des éditions Gallimard

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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 21:15

lame-de-fond2.jpgSamedi 26 décembre 2004. Pendant que le globe est à la fête, la mer se retire sur les plages thaïlandaises.
Romane Bréjeance, femme d'affaires accomplie mais épouse et mère balottée par  une vie qu'elle ne maîtrise plus, fait partie de ces rescapés miraculés du terrible tsunami. Cette lame de fond dévasatrice inaugure pour elle une nouvelle et immanquable étape de sa vie. Errant dans la jungle, elle croise le cadavre d'une jeune femme qui lui ressemble étrangement. Renonçant à vivre une vie à laquelle elle ne trouve plus de sens, elle adopte alors l'identité de la défunte, refuse d'être rapatriée, laissant derrière elle un mari qui n'en est plus un et une adolescente en rébellion.
Avec quelques dollars en poche, elle retrouve la ville incandescente, dont le coeur bat  à nouveau, indifférent à la catastrophe, les gogo girls sur le trottoir, les touristes toujours présents par flots, dans une indécente et morbide attraction. Cette fuite en avant signera sa renaissance face à un passé irréconciliable.

Sur le thème de rédemption et du renoncement, voilà un livre dont le thème fera écho au film Au-delà, réalisé par Clint Eastwood en 2011, qui questionne les expériences de mort imminente, à travers trois personnages, dont Marie, une française qui réchappa au tsunami. Cécilia Dutter y explore la féminité, la maternité qui ne va pas de soi, le couple et l'incessante valse d'exigences auxquelles les femmes doivent faire face dans une gymnastique qui si elle ne pouvait s'avérer dangereuse, en resterait gracieuse :

"Je poursuivais l'ambition d'être une bonne épouse et une bonne mère tout en menant ma carrière de front. Je vivais dans l'idée que pour s'épanouir pleinement, une fille devait réaliser ce triple salto. Comme les autres, je m'étais entraînée. Et j'avais fini par exécuter le saut périlleux que l'on attendait. Je courrais après cet accomplissement personnel. Oui, je courais. C'était bien la seule chose que je pouvais dire. Mon existence s'était même résumer à cette course de fond solitaire."


Journaliste, Cécilia Dutter écrit notamment des articles pour le Magazine Littéraire.

Lame de fond
Cécilia Dutter
Editions Albin Michel

 


Au-delà
Bande annonce vost publié par CineMovies.fr - Les sorties ciné en vidéo
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13 avril 2012 5 13 /04 /avril /2012 21:08

quiriny-copie-1.gifAttention objet littéraire non identifié mais plein d'esprit et cocasse en vue ! Fâché avec les nouvelles ? Il se pourrait bien que vous vous reconciliez avec ce genre ingrat car très exigeant et bien trop souvent maltraité. Mais est-ce réellement un recueil de nouvelles ? C'est à la fois cela et bien plus encore. C'est un jeu. Oui, oui un jeu, dans le lecteur s'amuse et que Bernard Quiriny a certainement pris un plaisir malin et facétieux à écrire !

Dans cette collection très particulière, vous suivez un ensemble de perles, certaines vous plongeant dans l'univers des livres, d'autres vous transportant dans une dizaine de villes imaginaires et fantaisistes, et encore d'autres dans un monde différent, celui dans lequel nos plus folles utopies se réalisent ... De perles en perles, les récits s'enchâssent, s'intercalent en une jolie cadence et gardent une continuité dans la loufoquerie, grâce notamment à deux personnages, Pierre Gould, le dandy bibliophile qui sévissait déjà dans son premier opus, étrange avatar de son auteur, et le narrateur, notre part naïve et curieuse, qui découvre l'étonnante bibliothèque de cet étonnant érudit d'un autre temps. Car il s'agit de livres, mais pas seulement ... décidément tout cela semble bien compliqué, et pourtant non !

Essayez d'imaginer donc ce que peut-être un livre gigogne (un peu comme celui-ci d'ailleurs), ou un livre très ennuyeux (ah ce cas-là malheureusement nous en avons tous croisé). Quiriny transcende cela, sous sa plume les livres les plus ennuyeux revêtent une parure inconnue et satirique, certains ayant même presque tué leurs auteurs, ou comme cet auteur de L'oeuf, monument de 1200 pages, décrivant un oeuf, qui bien qu'ennnuyé à l'écrire fut encore plus ennuyé de le relire ... D'autres livres improbables hantent également ces pages, comme ceux, qui se perfectionnent au fil du temps, perdant chaque mot superflu, s'affinant comme le bon vin, ceux qui ne peuvent être lu que bien habillé ...  Croisez également les habitants de Livoni et leur volcan, ceux encore de cette ville, dans laquelle on ne vit qu'un jour sur deux ... Et que se passerait-il si tout à chacun pouvait changer de nom comme il le souhaitait, échangeait son corps en faisant l'amour ou réssucitait pour de bon ?

Bienvenue dans un cabinet de curiosités farfelu et plein de charme, dont le pouvoir imaginatif n'est pas sans rappeler d'autres monstres de la littérature comme Italo Calvino. Mais quoiqu'il en soit, nul besoin de porter un smoking, pour dévorer ou savourer comme un bonbon cette étrange collection, qui restera bien dans votre mémoire !

Une collection très particulière
Bernard Quiriny.
Editions du Seuil. Collection "Cadre rouge".
184 pages. 14,20€. ISBN : 978-2-02-104695-3

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1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 21:20

veuf-copie-1.gifAprès le bouleversant Où on va papa, Jean-Louis Fournier, ancien compère de Pierre Desproges, nous livre un nouveau livre très personnel, dans lequel il évoque avec émotion, son récent veuvage, mais surtout l'amour bâti avec sa compagne, Sylvie, durant près de quarante années.

Que faire lorsque l'autre part ainsi, si subitement ? Jean-Louis Fournier se balade avec son épouse, lorsque celle-ci s'effondre. Malgré les soins qui lui sont prodigués, la médecine est incapable de la ramener à la vie. Ainsi devient Jean-Louis Fournier veuf. Comment appréhender ainsi ce nouvel état de vie ? Que faire de ce livre entamé qui aurait été fini si elle avait été  encore là ? Et ce chapeau ? Et son numéro dans le portable ? Autant d'objets du quotidien ou de symboles personnels qui hantent le logis. 

Dans ce court ouvrage, Jean-Louis Fournier mêle émotions, réflexions et humour dans un vibrant hommage rendu à celle qui est partie trop vite. Sans pathos, avec une dose d'ironie nécessaire à la survie et à la prise de distance, il croque des situations que nous connaissons tous (la gêne amicale, la compassion surjouée ...) tout en pudeur. Tout comme André Gorz dans Lettre à D., l'on touche du doigt le mystère de l'amour vrai et profond écrits dans des mots magnifiques.

Veuf
Jean-Louis Fournier.
Editions Stock.
156 pages. 15,75€. ISBN : 978-2-234-07089-9

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16 mars 2012 5 16 /03 /mars /2012 22:35

la_liste_de_mes_envies.jpgEt vous que feriez-vous ?
Mercière, à Arras, Jocelyne Guerbette, 47 ans, a vu nombre de ses rêves s'envoler.
Voyant sa mère terrassée par une crise cardiaque en pleine rue, Jocelyne, sait que sa vie bascule, alors même que cette jeune femme aspire à prendre en main sa vie. Devenue orpheline, elle reprend la mercerie, enterrant ainsi définitivement son rêve de devenir styliste à Paris.
Abreuvée d'espérances et de rêves de romances, en lisant Belle du Seigneur, elle croise Jocelyn, un homme avec lequel elle pourrait passer sa vie. Même si est loin d'être le prince charmant auquel elle rêvait, tous deux bâtissent un amour dans la durée, connaissant ses joies et ses peines, des hauts et de sacrés bas ... Deux enfants naissent de cette union, ainsi qu'un ange, Nadège.
Après la perte de cet enfant, les choses prennent un tour différent, Jocelyn devient violent et impulsif, ployant sous le poids de la culpabilité ... Après tout s'il n'avait pas trop bu, peut-être, certainement même, Nadège serait-elle parmi eux. Les années pansent les plaies, à condition de s'oublier parfois , mettre de côté ses rêves et de pardonner. Après  tant d'années passées ensemble,  une forte tendresse les lie toujours. La vie suit ce long fleuve tranquille, entre son blog consacré à la couture et ses amies, lorsque Jocelyne sent battre en elle l'envie que la vie change. Et si elle jouait à la loterie, depuis le temps que ses amies les jumelles, y jouent et y croient ... C'est alors que le prodige se produit. Un nouveau champs des possibles s'offre à elle, elle qui a toujours subi ou été contrainte, un vent de liberté souffle, mais Jocelyne le sait   :


"Etre riche, c’est voir tout ce qui est laid puisqu’on a l’arrogance de penser qu’on peut changer les choses. Qu’il suffit de payer pour ça. Mais je ne suis pas riche. Je possède juste un chèque de dix-huit millions cinq cent quarante-sept mille trois cent un euros et vingt-huit centimes, plié en huit, caché au fond d’une chaussure. Je possède juste la tentation. Une autre vie possible. Une nouvelle maison. Une nouvelle télévision. Plein de choses nouvelles. Mais rien de différent. "


Deuxième opus de Grégoire Delacourt, La liste de mes envies est une pépite ! L'auteur primé de L'écrivain de famille combine la difficulté de la création d'un deuxième ouvrage et celle de se glisser dans le corps d'une femme. Un exercice bien peu évident finalement mais qu'il réussit avec brio, en portant un regard de femme sur le monde,  mais aussi en portant ce même regard sur soi, sur le corps, sur la maternité et le couple. Il ressort de ce roman délicat et rafraîchissant  une pulsion de vie forte, un hymne à s'engager, à suivre la voie, une voie  ... A l'image de Jocelyne, cette femme humaine et bienveillante mais désabusée par cette vie qui lui a joué de vilains tours ; mais cette vie aussi imparfaite soit-elle demeure la sienne, quelles envies pourraient donc la combler ? L'argent rattrape-t-il nos manques et nos défaillances  ou comme tout autre opportunité peut-il être juste le déclencheur d'un changement plus radical ?

La liste de mes envies
Grégoire Delacourt.
JC Lattès.
185 pages. 16€. ISBN : 978-2-7096-3818-0

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12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 13:28

lettre-a-d.gifBouleversante déclaration d'amour à sa femme Dorine, cette lettre-hommage d'André Gortz est une pure merveille de délicatesse et de sincérité, une émotion brute.

Dans ce dernier texte rédigé par le co-fondateur du Nouvel Obs, intitulé également, "Histoire d'un amour", André Gorz, revient sur sa rencontre avec sa femme, Dorine, mais surtout leur cinquante-huit années de vie commune, fondatrices de leurs personnalités, années au terme desquelles il n'imagine pas vivre sans elle un seul instant. Or Dorine est atteinte d'une maladie évolutive grave depuis de nombreuses années, et c'est donc face à cette perte qui peut intervenir à tout moment, face à la douleur de sa femme, qu'André Gorz, troquera ses essais philosophiques sur le capitalisme et l'écologie politique, pour celtte ultime prise de plume.

Tous deux se suicideront le 24 septembre 2007.

"Tu vas avoir 82 ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t’aime plus que jamais. Je porte de nouveau au creux de ma poitrine un vide dévorant que seule comble la chaleur de ton corps contre le mien ..."

Lettre à D. Histoire d'un amour.
André Gorz.
Editions Galilée. Collection "Incises"
74 pages. 14,50€. ISBN : 2-7186-0727-0

 

A voir !

une sélection d'articles de et sur André Gorz par le Nouvel Observateur

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12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 21:32

delicatesse.gifAvec ce roman, Foenkinos nous offre une délicieuse madeleine à déguster. Qui ne rêve pas de cette délicatesse des coeurs qui s'accordent, de cette insondable histoire d'amour entre Nathalie et Markus ?

Nathalie est une jeune cadre dynamique, dont la vie s'équilibre entre son travail dans une boîte suédoise et son couple, qui prend fin brutalement avec le décès de son joggeur de mari, François. Avec la fin de ce couple quasi-parfait, presque agaçant, elle entre dans une parenthèse, dans laquelle, elle évacuera toute question sentimentale, au grand dam de son patron, Charles, guère insensible à ses charmes. Voguant alors dans un chagrin qui lui semble insurmontable, Nathalie maintient le cap et se voue entièrement à son travail. Cependant elle reste hantée par sa rencontre avec son mari, lorsqu'ils se croisèrent pour la première fois et s'embrassèrent. Et si en embrassant un autre homme ainsi, la vie pourrait recommencer ?

Avec un scénario qui pourrait fleurer la bluette un tantinet romantico-mièvre, Foenkinos réussit à nous donner à lire un roman sentimental rafraîchissant et réjouissant. On y retrouve sa marque de fabrique, empreinte de dérision, d'humour et de délicatesse, qui nous fait basculer d'une émotion à l'autre sans agacement ni ennui. Passant d'un protagoniste à l'autre, nous percevons leurs doutes, leurs questionnements, leurs espoirs, dans des protraits assez fins. Il y réhabilite l'amour inattendu, celui que les autres pourraient trouver étrange tant il détonne des images d'Epinal. Un zeste d'optimisme et de légèreté que l'on refusera pas en ces temps.

 

La Délicatesse
David Foenkinos.
Editions Gallimard. Collection Blanche.
200 pages. 16€. ISBN : 978-2-07-012641-5

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